Le 3 août 1918, la guerre est déclarée et les hommes sont mobilisés. Que va-t-il advenir des cultures et des commerces ? En plus de leur travail quotidien déjà assez chargé, les femmes doivent les remplacer. A la campagne, les femmes labourent et tirent la charrue en l’absence des chevaux eux aussi réquisitionnés. A la ville, elles doivent effectuer le travail de leur mari, à la forge comme à la boucherie. Mais l’absence d’hommes va impliquer aussi l’emploi des femmes dans des métiers auparavant masculins : elles conduisent l’autobus, le tramway, distribuent le courrier ou collent des affiches. La guerre demande des armes. Elles sont alors embauchées dans des manufactures comme celle de Saint-Etienne : 17 000 employés majoritairement féminins (pour 1 000 hommes avant les hostilités) fabriquent l’armement et manipulent un poids total d’obus d’une tonne par jour alors qu’aux abords du front, elles deviennent infirmières. Dès 1915, certaines deviennent des marraines de guerre et conversent par courrier avec des soldats pour remonter le moral des troupes dans les tranchées.
auditeur aux comptes des Amis du Vieil Istres.
Durant les cinquante-deux mois de conflit, les femmes ont soutenu l’économie du pays en l’absence des hommes. Evidemment, le travail indispensable fourni par ces femmes était moins rémunéré. Beaucoup ont fait grève pour obtenir quelques droits mérités. Ce qui a fortifié à juste titre la condition féminine à une époque où la loi déclarait encore que la femme devait être soumise à l’autorité du mari. Mais après l’armistice, les quelques avantages sociaux obtenus ou tolérés ont été aboli. L’émancipation tant espérée n’eut pas lieu alors que ces femmes espéraient par leur travail exceptionnel un minimum de considération et de respect de la part de la société. Les hommes de retour au foyer veulent à tout prix redevenir le chef de famille et que la vie familiale retrouve les conditions hiérarchiques d’avant-guerre.
Une conférence maitrisée, passionnante et très bien documentée que Jeanne Marie Sauvage a terminé en citant quelques lois portant sur l’évolution de la place et du respect de la femme dans la société : suppression de l’incapacité juridique de l’épouse (1938), droit de vote (1944), l’exercice d’une profession sans l’autorisation du mari (1965) et bien d’autres qui suivront comme le salaire hommes-femmes égal, l’IVG …
Notons cependant que le gouvernement avait fait quelques efforts après l’armistice du 11 novembre 1918 : le baccalauréat féminin en 1919 qui, s’il s’ouvrait aux femmes, n’offrait que trois options limitées (couture, ménage et cuisine) alors que six écoles d’ingénieur en France acceptaient l’entrée des femmes.
La sortie à Orgon
Ce samedi 10 février, une vingtaine d’Amis du Vieil Istres ont bravé le Mistral et la glaciale météo pour visiter le sympathique village d’Orgon. Un village traversé par la Durance, l’ancienne nationale 7 et qui fut jadis le passage obligé des voyageurs Paris-Marseille. De ce fait, Orgon comptait presque autant d’habitants au XIIIe siècle qu’aujourd’hui. Son nom dérive du nom latin Urbs Gothum, et attesté Orgono en 1114.
La visite a débuté par le bâtiment qui abrite désormais l’office du tourisme et le musée Urgonia. Ce bâtiment a été aménagé dans une ancienne prison du XIXe siècle. Le musée comprend trois parties. Elles ont été présentées par Fabrice Aubert, un guide parmi les plus expérimentés qui, par sa transmission pédagogique, nous a livré de multiples détails sur les richesses d’Orgon et de sa région. La première est la plus ancienne puisqu’elle retrace l’histoire géologique et paléontologique d’Orgon et de sa région. Les Amis du Vieil Istres ont pu presque toucher du doigt, le célèbre calcaire urgonien, formé il y a 115 millions d’années au cours du Crétacé inférieur. C’était alors une époque où la mer recouvrait Orgon alors que les Alpilles ne s’étaient pas encore formées. Le musée abrite de ce fait des fossiles marins d’espèces disparues. L’Urgonien est une appellation créée en 1850 par le paléontologue français Alcide d’Orbigny (1802-1857) pour désigner le massif calcaire de cette commune.
La seconde partie du musée est plus récente. Elle est consacrée à l’archéologie avec plusieurs sites locaux : l’abri sous-roche de la Fanfarine (période Alleröd, il y a environ 11 000 ans), deux autres : le Dolmen des Gavots et les Calades, deux habitats du 3ème millénaire avant JC et de la période Campaniforme (céramiques à faciès particulier et en forme de cloche renversée) ainsi que de nombreux autres sites éparpillés avec des habitats s’étalant du néolithique à l’âge du fer.
Enfin, la troisième partie présente l’avifaune régionale, du moins quelques espèces emblématiques des milieux ouverts (sur le haut plateau) : le pipit rousseline, l’alouette lulu, la fauvette pitchou, la pie-grièche méridionale, l’engoulevent d’Europe, le rollier d’Europe … ainsi que quelques visiteurs nichant dans les Alpilles et venant chasser tels l’aigle de Bonelli, le circaète-Jean-le-Blanc ou encore le vautour percnoptère.
Après un très bon repas au restaurant Côté Jardin, l’après-midi a débuté avec la visite du centre ancien et de ses ruelles étroites comparables à celles du Vieil Istres. Une visite dirigée tambour battant par Richard Deunette, un guide aussi compétent et dynamique que l’animateur du musée Urgonia. Monuments et façades étaient au rendez-vous :
Les anciennes portes d’entrée du village avec tout d’abord la porte de la Durance côté est. Egalement surnommée porte de l’Ange, elle date de 1591 et fait partie de la seconde enceinte. C’est dans une grotte proche que les voyageurs devaient s’acquitter d’un droit de péage s’ils traversaient ou longeaient la rivière.
Au nord-ouest, la porte Sainte-Anne date également de 1591. Elle fait donc partie elle aussi de la seconde enceinte. Des personnages célèbres l’ont traversée tels François Ier, Nostradamus ou encore Napoléon Ier lors de son passage en direction de l’île d’Elbe, le 26 avril 1814 ainsi que … les Amis du Vieil Istres ce samedi 10 février 2018.
Au sud-ouest, la porte de l’Hortet est la plus ancienne (XIe siècle) et dépend de la première enceinte. Son nom provient du latin hortus (jardin … d’où l’horticulture). Elle donnait accès à l’ancien village dit de La Savoie que le duc de Savoie s’était accaparé en 1590. 110 habitations y avaient pris place, la dernière maison a été détruite en 1956 mais il reste quelques traces d’anciens murs. Ce village se situait au pied du château (en ruines) du duc de Guise. Fortifiée à la fin de l’Empire romain, cette forteresse, perchée sur un emplacement stratégique, avait pour mission de surveiller la vallée de la Durance. Le château a subi quelques mésaventures : après avoir été détruit par les Wisigoths au VIe siècle, il a été reconstruit au XIe pour devenir le fief des comtes de Provence. Une place forte militaire réputée au XIIe siècle que Louis XI a fait démanteler en 1483. Elle sera partiellement restaurée le siècle suivant pour être entièrement détruite sur ordre de Richelieu en 1630.
L’église de l’Assomption n’est autre que l’église paroissiale d’Orgon, mitoyenne à la mairie et supervisant la place de la Liberté. On y accède par un double escalier monumental qui se croise comme un fer à cheval. Sa construction date de 1325, le clocher de 1660 (lorsque Louis XIV traversa Orgon) et la cloche en bronze (baptisée Anne-Marie) de 1754. Le sommet du fronton de l’église supporte une croix de mission datée de 1902 (année de sa bénédiction) alors qu’à gauche de l’escalier monumental, trône une autre croix simplement dénommée croix du parvis de l’église de l’Assomption.
L’intérieur de l’église est magnifique. Il comprend six chapelles dont une, comporte une Vierge en bois tenant l’enfant Jésus dans ses bras. Cette statue a vécu une histoire mémorable le 8 septembre 1562. Des soldats pillards sous les ordres du baron des Adrets pillèrent la chapelle primitive de Notre-Dame de Beauregard et la jetèrent du haut de la falaise du site. Une chute de 100 mètres qui ne parvint pas à briser la statue … En action de grâce, un monument expiatoire a été érigé pour honorer ce miracle qui aurait même fait jaillir une source …
Au fil des rues, les Amis du Vieil Istres se sont arrêtés devant la Croix de la Conillière, construite en souvenir des morts de la peste de 1721. Certaines maisons ont pu conserver quelques bribes du style Renaissance comme la façade du n° 4 de la rue Georges Coste (ancienne demeure consulaire du XVIe siècle) ainsi qu’au n° 2 de la rue Edmond Coste. Au n° 15 de cette même rue Edmond Coste, trône l’hôtel Berne, une demeure qui hébergea des célébrités : la reine Christine de Suède en 1657 et la pape Pie VII en 1814. La rue Edmond Coste fut l’artère commerçante d’Orgon lors de l’apogée du village entre 1850 et 1900. Le n° 20 de la rue Jules Robert était quant à lui un ancien hôtel où résidait la famille Collin (notaires royaux).
L’après-midi s’est achevée par la visite de Notre-Dame de Beauregard, perchée sur le plus haut sommet de la commune. Elle repose sur un éperon rocheux qui se laisse volontiers admirer depuis l’autoroute du Soleil. Six Amis du Vieil Istres y sont montés à pied par le sentier des Oratoires dont on reparlera en images.
Le site de Beauregard fut jadis un oppidum religieux celto-ligure (second âge du fer) dont les autels, qui honoraient des divinités gréco-romaines, sont aujourd’hui exposés au musée lapidaire d’Avignon. Le site conserva ensuite sa vocation religieuse avec la création d’une modeste chapelle au début de l’ère chrétienne.
Vers 1638, des moines Augustins déchaussés du couvent de Saint-Pierre d’Aix, s’y installent. Ils bâtissent un nouveau couvent qu’ils achèvent en 1660 sur l’emplacement d’un ermitage séculaire. Le monastère perdure jusqu’en 1789 où il subit alors les tourments de la période révolutionnaire. Le site est abandonné. Mais en 1878, il va subir une seconde révolution. Pierre Anselme Bonnard, chanoine et curé doyen d’Orgon, fait restaurer le couvent et édifier la basilique Notre-Dame de Beauregard sur des plans de l’abbé Joseph Pougnet, l’un des prêtres architectes les plus féconds du sud-est au XIXe siècle.
Le site a ensuite hébergé diverses confréries : les Frères Servites en 1935 (Ordre fondé en 1233), la congrégation des Petites Sœurs de Foucauld en 1958 puis la Communauté du Lion de Judas et de l’Agneau Immolé en 1970, une communauté cette fois à l’esprit plutôt baba cool … Le site est ensuite de nouveau abandonné et vandalisé.
Mais survient un sauveur : John-Patrick Fano, actuel trésorier adjoint des Amis du Vieil Istres, qui réussit à convaincre la municipalité de lui redonner vie. Il lance la restauration du monastère puis y réside jusqu’en 1990 en l’agrémentant de rendez-vous culturels et récréatifs. Depuis 2004, il est occupé par un artisanat de poterie, géré par Isabelle De Gea.
A l’ouest de la basilique, il reste des murs et des constructions de l’enceinte fortifiée en 1592. Une enceinte dans laquelle prend place la croix des Pénitents Gris d’Avignon. Cette confrérie l’a érigée après que le pape Pie X l’ait bénite le 20 août 1903 dans l’église des Carmes d’Avignon. Côté nord, on trouve également une autre croix, celle de la Durance qui supervise le village, le mont Ventoux et le Lubéron.
Vous pouvez voir cette journée plus en détails en images en cliquant sur le pavé ci-dessous :
L’abbaye de Saint-Gervais à Fos
Robert a d’abord relaté l’histoire de Fos depuis l’âge du Bronze jusqu’au Xe siècle et plus particulièrement l’année 920 où la garde du château de Fos (Castrum de Fossis sur la colline de l’Hauture) fut confiée par Manassès, archevêque d’Arles, à une famille, de souche locale, qui donnera naissance à la lignée des seigneurs de Fos. Après cette présentation, le sujet du jour était pleinement abordé : l’abbaye de Saint-Gervais, qui fut à l’origine une simple chapelle construite par cette nouvelle famille seigneuriale de Fos afin d’asseoir son prestige par la création et la protection d’églises relevant de son domaine. La chapelle, future abbaye, prenait place sur la pointe de l’anse Saint-Gervais, proche du port antique de Fossis Marianis qui fut l’un des plus actifs du monde romain.
En 989, un prêtre nommé Paton s’installe avec quelques frères autour de la chapelle. Le petit prieuré, devient abbaye et applique la règle de Saint-Benoit, une règle écrite par Benoît de Nursie au VIe siècle pour guider ses disciples dans la vie communautaire et qui gouverne en détails la vie monastique. Au cours de ce Xe siècle, l’abbé Maïeul, à la tête de la Congrégation de Cluny, va donner une impulsion capitale à la renaissance monastique en Provence.
La famille de Fos, fondatrice de l’abbaye de Saint-Gervais sur ses propres alleux, refuse en 1018 de reconnaitre la suzeraineté de Guillaume II, comte de Provence et de lui restituer l’abbaye. Ce qui engendra des conflits armés durant quelques décennies. Fos abdiquera en 1056 mais cette soumission est probablement obtenue par la négociation car Rostaing, fils de Gui de Fos, est désigné archevêque d’Aix, une nomination qui n’aurait pu se faire sans l’accord du comte de Provence.
En 1081, l’Archevêque d’Aix Rostaing confie l’abbaye de Saint-Gervais à l’Ordre de Cluny : la Réforme grégorienne y est appliquée. Les archevêques d’Arles n’exercent désormais plus aucune autorité sur Saint-Gervais ainsi que sur ses nombreuses et riches dépendances.
Saint-Gervais va ainsi rester une abbaye clunisienne jusqu’au XIIIe siècle au cours duquel, la famille des seigneurs de Fos est ruinée. La décadence de la famille fondatrice entraîne inévitablement le déclin de l’abbaye. Les seigneurs fosséens sont amenés à cohabiter avec la famille Porcellet, d’Arles. Dans le même temps, l’Ordre de Cîteaux étend son influence au détriment de Cluny. L’éloignement de Saint-Gervais à la Maison mère favorise une propension à l’indépendance. Ainsi, Saint-Gervais qui a perdu ses repères, perd également son appartenance à Cluny. L’abbaye disparaît alors dans la charte du monastère de Fos. L’archevêque d’Arles la reprend en main, ainsi que ses dépendances.
Mais la situation financière se dégrade et les mœurs internes de l’abbaye se relâchent, la faute à quelques moines qui se jouent des règles et transgressent les interdits. Les moines sont remerciés par le pape et remplacés par des chanoines. La situation de l’abbaye ne s’améliore pas et les chanoines sont à leur tour chassés par des moines de Saint-Gilles-du-Gard, plus motivés sans doute par l’appât du gain que par compassion envers leurs frères de Fos …
En 1423, Saint-Gervais ne sera plus désigné que comme simple prieuré rural. Il va bientôt disparaitre … sous la mer qui a lentement et méthodiquement, envahi ce site chargé d’histoire.
Les Enfants de la Guerre
La pratique est ancienne. Marc l’a survolée depuis les tribus primitives d’Océanie jusqu’à nos jours, avec, entre autres, Daesh. A Sparte, les enfants de 7 ans étaient soumis à la vie militaire puis mis en caserne dès l’âge de 12 ans. Les enfants Aztèques recevaient une éducation équivalente : apprendre à tuer un homme pour être un homme alors que les adultes n’hésitaient pas à les sacrifier pour honorer les Dieux. Pour combler les carences de soldats, des rafles d’enfants étaient organisées sous Louis XIV, une méthode également employée par Napoléon pour renforcer ses armées. Mais ces renforts prévus en 3ème ligne se retrouvaient rapidement au front. Puis ce fut le tour d’Hitler formant les Jeunesses hitlériennes avec des enfants de 13 ans, drogués pour augmenter leur efficacité et utilisés par le Führer lors de la bataille de Berlin en 1945. Durant cette Seconde Guerre mondiale, les Japonais n’ont pas hésité à former des enfants pilotes (kamikazes) pour un vol unique … Une Seconde Guerre qui a malheureusement offert deux autres types d’Enfants de la Guerre : ceux nés des 900 000 viols en Allemagne, orchestrés à grande échelle par les Soviétiques (490 000) ainsi que (dans une moindre mesure) par les Américains, les Français et les Britanniques, et ceux nés d’expériences nazies pour générer la race arienne. En Afrique, les guerres de tribus et les affrontements politiques ont impliqué l’enrôlement de force d’enfants de 10 ans. Marc a également abordé l’épineux dossier des victimes collatérales : enfants victimes de bombardement ou encore ceux qui périssent dans les camps de réfugiés.
des germes dont nul ne sait s’ils pourront être déracinés.
Les activités 2018
1. Trois sorties sont prévues :
Samedi 10 février, journée complète à Orgon. Le matin: visite du musée urgonien. Après le repas de midi, visite du centre ancien puis de la chapelle (perchée) de Notre Dame de Beauregard.
Prix : 38 euros
Départ du car : 9h00 précises place Sainte-Catherine
Réservation avant le 2 février
Samedi 14 avril, journée complète. Le matin : visite du musée le Préhistorama à Rousson (Gard). Après le repas de midi, visite du Visiatome (centre de Marcoule près de Bagnols-sur-Cèze, Gard).
Prix : 48 euros
Départ du car : 7h30 précises place Sainte-Catherine
Réservation avant le 6 avril.
Samedi 2 juin, 1/2 journée (après-midi), Cavaillon : musée archéologique suivi de la visite de la synagogue.
Prix : 16 euros.
Départ du car : 12h30, place Sainte Catherine
Réservation avant le 25 mai.
Réservation des sorties :
Chèque à l’ordre des Amis du Vieil Istres et à envoyer à :
Les Amis du Vieil Istres, boulevard de la République (ancienne mairie), 13800 Istres.
ou à :
Huguette Giroussens, 40 Avenue Marcel Roustan. 13800 Istres.
Pour tout autre renseignement, tel : 06 23 98 17 85 ou 04 42 55 12 91.
2. L’assemblée générale :
Elle est fixée au samedi 24 mars 2018, à 10h00 au Pavillon de Grignan avec la remise du bulletin n° 40 et d’un hors-série gratuit portant sur les Grands Domaines Istréens de la Crau (en l’honneur des 70 ans de l’association).
3. Cinq conférences sont prévues :
Deux à l’auditorium André Noël, nouvelle mairie :
– Jeudi 25 janvier 2018, 18h00 : Enfants soldats et enfants de la guerre, du Ier Empire à nos jours par Marc Suarez, membre du CA des AVI.
_ Mercredi 30 mai 2018, 18h00 : Construire une église (de la Sainte-Famille, Istres) par Pierre Schaffauser, ingénieur en bâtiment.
Trois autres à l’Espace 233, CEC :
– Mardi 6 février, 18h00 : Les seigneurs de Fos et la vie religieuse aux abords de l’An Mil : l’abbaye oubliée de Saint Gervais, par Robert Strozzi, membre du CA des AVI
– Jeudi 15 mars, 18h00 : Le rôle des femmes pendant la Grande Guerre, par Jeanne-Marie Sauvage, romancière et conférencière.
– Jeudi 5 avril, 18h00 : Ernest Dunker et la Gestapo de Marseille, par Nicolas Balique, historien militaire et journaliste.
4. Les Rencontres Historiques :
La date est fixée au samedi 6 octobre à 9h00. 4 communications historiques sont prévues (2 le matin et 2 l’après-midi). Le repas sera pris sur place (et toujours sur réservation). Le programme détaillé des RH vous sera communiqué vers le début de l’été. Elles se dérouleront toujours au CEC, espace 233.
Pour plus de détails :
Accès direct à la page des conférences.
Accès direct à la page des sorties.
Les Rencontres Historiques 2017
Après l’accueil du public suivi du discours de Nicole Joulia, première adjointe, Robert Mencherini, professeur des universités, a ouvert les débats avec une première conférence : 1947, l’année du grand tournant en Provence et ailleurs. Une année également particulière car les Amis du Vieil Istres, association la plus ancienne de notre commune, ont été fondés le 8 août 1947. Robert Mencherini a examiné de près les douze mois de cette année mémorable avec le retour définitif de la République (après 7 ans d’absence), les grèves d’automne, le début de la Guerre froide entre l’Est et l’Ouest et bien d’autres évènements internationaux, dont beaucoup ont eu des répercussions durables dans notre région.
L’archéologue Marie Valenciano a enchainé avec L’antiquité tardive de Saint-Blaise. Une conférence qui nous a offert le bilan des dernières fouilles entreprises sur le site voisin de Saint-Mitre-les-Remparts entre 2010 et 2017. Des recherches récentes effectuées dans le cadre d’une thèse de doctorat et un travail de relecture des anciennes fouilles débutées depuis 1935. Ainsi, Marie Valenciano nous a livré la synthèse d’une étude centrée sur les vestiges de l’Antiquité tardive et du Moyen Age (Ve-XIVe siècles), les différentes phases d’occupation du site et son intégration à son environnement autant régional que méditerranéen.
Après le repas de midi au centre familial de vacances, Michel Méténier, professeur d’histoire, a relancé les débats avec sa conférence titrée : Sur les pas de Marcel Pagnol. L’écrivain cinéaste est né en 1895, année où les frères Lumière ont mis sur pellicule l’arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Mais l’historien nous a offert un visage inédit de Pagnol avec la description de ses talents méconnus de sourcier, d’historien, d’inventeur, de traducteur et même de consul !
Président des Amis de Giono, Jacques Mény, a ouvert la quatrième et dernière conférence de ces Rencontres Historiques. Un thème évident : Giono provençal. Mais un Giono méconnu qui malgré ses origines de Haute-Provence, reste un provençal contrarié et paradoxal, partagé sur bien des points, entre le Nord et le Sud. Car Giono préférait le Nord, jusqu’à nier son lien avec la Provence qui lui a pourtant servi de base à bon nombre de ses ouvrages.
A 17 heures, Lou Trelus, groupe folklorique istréen de renommée internationale, est venu nous offrir : Les Olivades, une chorégraphie extraite de leur répertoire, suivi à 17h30 de la clôture de ces 25e Rencontres Historiques. Tous les participants (conférenciers, public et invités) se sont alors rassemblés pour un vin d’honneur champagnisé et d’un superbe gâteau célébrant le 70e anniversaire des Amis du Vieil Istres.
Les Rencontres Historiques 2017
Les RENCONTRES HISTORIQUES organisées par les Amis du Vieil Istres se dérouleront le samedi 7 octobre, dès 9h00.
4 communications historiques sont prévues (2 le matin et 2 l’après-midi).
Le repas sera pris sur place (et toujours sur réservation).
La conférence de Michel Issert
Le canal de Marseille a été construit entre 1839 et 1854 sous la direction de l’ingénieur Franz Mayor de Montricher. La croissance démographique (140 000 habitants à cette époque) et l’épidémie de choléra de 1834 (ayant tuée 10% de la population) ont décidé le maire Maximin Dominique Consolat de créer un canal de 80 kms pour amener l’eau potable dans la cité phocéenne. Un canal qui impliqua la création de 18 ponts (dont le majestueux aqueduc de Roquefavour) et 17 kms de souterrains (tunnels). De cet ouvrage, sont nés également le Palais Longchamp à Marseille (qui symbolise l’arrivée d’eau dans la ville) ainsi que le Bassin Saint-Christophe près de Rognes (servant à décanter les limons de la Durance qui alimente ce canal). 50 ans après l’arrivée de l’eau potable, la population marseillaise avait triplé. Une population qui ne cessera d’augmenter. De ce fait, le canal de Marseille s’est avéré insuffisant. Il est suppléé aujourd’hui par le canal de Provence qui prend sa source dans le Verdon.
Michel Issert a terminé sa conférence en remerciant les eaux de la Durance et du Verdon ainsi qu’au département des Hautes-Alpes, véritable château d’eau de la Provence.
les 16 élèves du lycée Latécoère.
La sortie Salses-Tautavel
La forteresse de Salses est exceptionnelle. Quand le célèbre Vauban la découvre, il qualifie aussitôt de génie son concepteur dont il s’inspirera par la suite dans ses constructions. Car il s’agit de l’architecte Francisco Ramiro Lopez de Madrid. Elle a été construite entre 1497 et 1503, peu après la déclaration de guerre de l’Espagne à la France. Les espagnols occupent le Roussillon et les rois catholiques (les époux Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille) ordonnent alors l’édification d’une place forte. La sentinelle du royaume hispanique sera finalement semi-enterrée, tapie comme un fauve à l’affût, au pied des Corbières. Ce qui lui donne l’avantage de ne pas être repérée de loin. Aussi, la partie la plus haute (tour de l’Hommage) ne culmine qu’à 26 mètres. Les murs extérieurs, d’une épaisseur atteignant 11 mètres, ont découragé les boulets des assaillants mais ils ont aussi largement contribué à conserver l’édifice. Ces murs extérieurs sont escarpés, atténuant l’impact des boulets et les faisant ensuite redescendre vers les fossés. De plus, il fallait passer trois ponts-levis successifs pour pénétrer seulement dans le châtelet d’entrée. L’architecte espagnol avait donc prémédité un lieu sûr, pouvant accueillir le gouverneur et ses officiers qui pouvaient recevoir des visites féminines. Ce qui n’était pas le cas des 1500 soldats …
Evidemment, tout était en rapport. La forteresse est presque assimilable à un village avec ses cultures, ses réserves de nourriture, sa boulangerie (un soldat consommait 600 grammes de pain par jour), 60 toilettes, 80 urinoirs, des salles spacieuses pour la noblesse, une étable (dimensionnée pour 30 vaches produisant 600 litres de lait par jour), des galeries et labyrinthes (3 km au total), latrines, hammam, monte-charge pour monter les plats des cuisines à la salle à manger du gouverneur et bien d’autres salles surplombant, au centre, la place d’armes. Du grand luxe pour l’époque, d’autant plus que l’édifice était avant tout à vocation militaire.
La forteresse était conçue pour être imprenable et tenir 40 jours de siège. Car, quand on ne peut entrer de force, on assiège. Salses l’a vécu comme bien d’autres châteaux-forts plus modestes. Les Français puis les Espagnols l’ont reprise à tour de rôle à la suite de longs sièges mais Salses restera française à partir de 1642.
Après avoir connue diverses utilisations (dépôt de munitions, prison, lieu d’exercices …), le site est alors protégé au titre des monuments historiques en 1886 puis déclassé. L’administration des Beaux-Arts le prend en charge en 1930 jusqu’à la passation à la direction du patrimoine du ministère de la Culture. Le service des monuments historiques poursuit patiemment son entretien et sa restauration.
Après le repas, le musée de préhistoire de Tautavel attendait les Amis du Vieil Istres. Un musée incontournable. En effet, lors de la fouille archéologique de la Caune de l’Arago, les équipes du professeur Henri de Lumley découvrent en 1971, le crâne d’un homo erectus, soit l’homme qui se tient debout, un pur bipède ayant vécu il y a – 450 000 ans avant JC. Cro-Magnon est presque oublié face à cette découverte qui prend alors le nom populaire d’homme de Tautavel, le plus ancien d’Europe à cette époque. Une découverte qui a évidemment impliqué la création d’un pôle scientifique et culturel. Le petit village viticole de Tautavel devient mondialement célèbre et profite avec plaisir d’un renouveau commercial … inattendu. La grotte était cependant connue depuis 1838, étudiée par Marcel de Serras qui y identifia la faune. En 1948 les recherches de Jean Abélanet permettent de mettre à jour une industrie lithique datant du paléolithique. Des avancées qui vont pousser en 1963 Henry de Lumley à visiter le site et d’entreprendre des fouilles plus méthodiques jusqu’au fameux 22 juillet 1971, jour de la découverte du crâne humain.
Les fouilles ont bien sûr livré une industrie lithique typique du Paléolithique inférieur (biface, chopper …). La faune également grâce à des ossements d’espèces disparues comme l’ours de Deninger, le cheval de Mosbach, le lion archaïque des cavernes, les rhinocéros de prairie et de Merck mais aussi d’espèces qui ont génétiquement évolué dans des contrées plus chaudes après avoir fui la période glaciaire. On peut citer les ancêtres de l’éléphant, du cerf élaphe, du daim, du thar, du bœuf musqué, du bison des steppes, du loup, de la panthère, du lynx des cavernes et du chat sauvage. Certaines sont presque inchangées comme le castor, le lapin de garenne, le mouflon et le porc-épic. Les hommes de Tautavel, laissaient sur place, dans la Caune de l’Arago, les restes de leurs repas qui se sont accumulés sous divers couches de sédiments, la plus ancienne et la plus profonde remontant au Paléolithique inférieur européen.
L’informatique a permis de recréer le visage de l’homme Tautavel à partir de son crâne. Il se reconnait à son front fuyant, ses arcades proéminentes, sa bouche en avant et à son absence de menton. La caverne (Caune de l’Arago) n’était pas un habitat permanent mais un lieu de halte. Une pause de chasse très prisée car le site offre un point de vue stratégique sur l’ensemble de la vallée. Ce qui permet une observation de la faune, source indispensable de nourriture tout comme l’eau de la rivière Verdouble, qui zigzague en contre-bas.
Les campagnes de fouilles se poursuivent chaque été. Depuis 1971, 149 restes humains ont été découverts. Le dernier en 2015 n’est autre qu’une dent datée de -580 000 ans. Ce qui conforte la Caune de l’Arago, à Tautavel, dans sa position de site majeur de la préhistoire mondiale.
La Sicile musulmane, conférence de Michel Sciara
La Sicile est sous le joug de l’Empire byzantin. Par son climat favorable, l’île est une richesse mal exploitée pour les Arabes du Maghreb qui la convoitent alors. Palerme tombe entre les mains des Fatimides (appuyés par des Berbères) en 831 puis Taormina en 902. Une guerre civile va avoir lieu de 909 jusqu’en 917 entre Chiites et Sunnites.
Malgré ce conflit, la conquête musulmane va provoquer l’essor de la Sicile. Avec 300 000 habitants, Palerme devient la capitale (30 000 pour Rome à la même époque). Une capitale aux 300 mosquées. Par son climat favorable, les arabes introduisent le mûrier (pour la culture de la soie), la canne à sucre, le coton, le henné, l’indigo, les pistaches et le papyrus, toujours fabriqué aujourd’hui à Syracuse. Dans la région de Taormina, la glace, prise sur les pentes enneigées de l’Etna (vers 3000 m) permet la fabrication de glaces au citron et à l’orange qui délectent la princesse arabe.
Dictés par l’Islam, les bains, jusqu’alors réservés à la noblesse, se démocratisent et deviennent accessibles pour le peuple. Car l’eau est maîtrisée et l’irrigation développée (canaux, invention du siphon, création de citernes de stockage …). La Sicile devient alors un véritable verger. Elle rayonne également par ses universités de médecine qui attirent à Palerme, une bonne partie de l’Europe. La domination arabe voit les musulmans cohabiter sereinement avec les populations chrétiennes qui doivent cependant payer un impôt si elles ne se sont pas converties à l’Islam.
Mais au début du XIe siècle, surgit une crise politique affaiblissant le régime en place, une aubaine pour l’Empire byzantin qui réussit à reprendre quelques villes dont Palerme en 1044. Puis, des Normands (Vikings d’origine), installés en Calabre depuis 200 ans, sont mandatés par le Pape pour prendre possession de l’île et la reconvertir au catholicisme. La Sicile devient Normande. Mais toutes les œuvres arabes ne sont pas détruites. Au contraire, elles sont réutilisées et les Normands au pouvoir, parviennent à faire cohabiter à l’unisson toutes les communautés. La langue officielle devient d’ailleurs l’arabe et cette population arabe construit même des églises pour les Normands ! Des Normands qui vont parer leurs lieux de culte avec de l’or pillé lors de leurs conquêtes précédentes. La cathédrale de Monreale, à Palerme, est un bon exemple avec son chœur recouvert de 7 tonnes d’or !
Les Normands vont profiter de cet âge d’or jusqu’à la conquête de l’île par les Angevins et Provençaux en 1266. Mais là, on déborde sur la suite de l’histoire de la Sicile, une suite qui fera peut-être l’objet d’une nouvelle conférence de Michel Sciara, passionnant orateur.
devînt roi de Naples et de Sicile en 1266, succédant ainsi à la domination normande.
Prochain RDV :
Les 4 conférences plannées dans le premier semestre, sont terminées. Rendez-vous le samedi 7 octobre 2017 pour les Rencontres Historiques où seront fêtés les 70 ans des Amis du Vieil Istres (voir programme de l’année).