L’énigmatique disparition d’Antoine de Saint-Exupéry

Malgré un mistral glacial, l’auditorium André Noël (nouvelle mairie) était presque plein ce jeudi 10 janvier pour la première conférence organisée par les Amis du Vieil Istres. En effet, Michel Issert, secrétaire l’association, a ouvert les débats de l’année 2019 par une conférence consacrée à Antoine de Saint-Exupéry.

Après une inévitable présentation de la généalogie et de la carrière de l’écrivain et pilote français, Michel a orienté ses propos sur le mystère entourant sa disparition, survenue le 31 juillet 1944. Ce jour-là, Antoine de Saint-Exupéry décolle à 8h25 d’un aéroport près de Bastia pour une mission militaire de reconnaissance photos dans le Vercors. Lors de son retour, il est repéré par les Allemands qui auraient aussitôt envoyé un avion de chasse à sa poursuite et abattu l’avion du célèbre écrivain. Mais où ?

Toutes les recherches effectuées sur le rivage méditerranéen, de Marseille jusqu’à Nice se sont avérées infructueuses … jusqu’au 7 septembre 1998, où Jean Claude Bianco, patron pêcheur de Mazargues, remonte de ses filets un objet avec quelques éclats brillants. La prise a eu lieu sur la partie marseillaise des calanques de Cassis. Après maints nettoyages, l’objet s’avère être une gourmette d’environ 35 grammes sur laquelle apparait après brossages d’abord la gravure Antoine prolongée après d’autres brossages par Saint Exupéry.

Michel Issert pendant sa conférence.

Si cette gourmette est vraiment celle de l’aviateur abattu le 31 juillet 1944, l’épave de son avion ne doit pas être bien loin. Ainsi commencent les recherches sous-marines par la célèbre COMEX. Des recherches secrètes mais qui n’ont pu le rester jusqu’au 28 octobre 1998, date où vont commencer les ennuis de Jean Claude Bianco. Car, selon la loi, il aurait dû déclarer la gourmette au plus tard 48 heures après sa découverte au DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines). Jean Claude Bianco est même accusé d’avoir violé cette loi du 1er décembre 1989 relative aux biens culturels maritimes. Il doit rendre aux autorités la gourmette à contre-cœur.

La gourmette sera ultérieurement restituée à la famille Giraud d’Agay, héritière légitime de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, décédé sans enfant (Gabrielle, sœur d’Antoine, avait épousé Pierre Giraud d’Agay). Une famille héritière qui va rentrer en conflit avec le patron pêcheur de Mazargues. Cependant, après avoir récupéré la gourmette, elle a toujours refusé de reconnaître son authenticité mais ne voulait en aucun cas la rendre à celui qui l’avait découverte.

Jean Claude Bianco vit alors plusieurs années de déprime. A son procès, il est débouté et condamné à verser 300 euros d’amende à chaque héritier d’Agay. Différentes voies de presse (journaux télévisés, Paris Match, Science et Vie …) le font passer pour un usurpateur et la gourmette pour une galéjade marseillaise. Mais les détracteurs parisiens et la famille Giraud d’Agay ont dû revoir leur copie …

En effet, le 1er septembre 2003, soit après 5 années de recherches sous-marines, Luc Vanrell de la COMEX trouve enfin une épave inconnue près de l’île de Riou … Après avoir été remontée, elle a été formellement identifiée pour être celle de l’avion piloté par Antoine de Saint Exupéry : carcasse d’un bimoteur P38 Lightning avec numéros de série correspondants.

Jean Claude Bianco a ensuite été réhabilité et conclu un pacte de paix avec la famille d’Agay. Quant à la carcasse remontée, elle a d’abord été exposée à la base d’Istres puis envoyée au Bourget où un espace Saint Exupéry a été créé.

Le lieutenant allemand Horst Rippert (1922-2013) a déclaré en 2008, être le pilote (aux commandes d’un Messerschmitt BF 109) qui a abattu le Lightning P38 de Saint Exupéry le 31 juillet 1944. C’est aujourd’hui la thèse la plus probable expliquant le crash de l’avion français. Horst Rippert était le frère ainé du chanteur Ivan Rebroff (né Hans Rolf Rippert).

Michel Issert et son épouse Yolande, tous deux remerciés en fin de conférence.

PROCHAINE CONFÉRENCE : Jeudi 28 février 2019, 18h00 à l’Espace 233 (CEC): Procès en sorcellerie au XVIIème siècle en Provence par Marc Suarez, membre du bureau des AVI.

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