Prochain rendez-vous

Les conférences et les sorties du premier semestre 2017 sont terminées. Les Amis du Vieil Istres vous souhaitent de bonnes vacances d’été.

Prochain rendez-vous : Les RENCONTRES HISTORIQUES, samedi 7 octobre, dès 9h00.
4 communications historiques sont prévues (2 le matin et 2 l’après-midi).
Le repas sera pris sur place (et toujours sur réservation).

Le programme officiel des RH vous sera communiqué vers le milieu de l’été. Elles se dérouleront toujours au CEC, espace 233.

La dernière conférence sera suivie vers 16h00 d’un spectacle célèbrant le 70ème anniversaire des Amis du Vieil Istres (avec Lou Trelus). Après ce spectacle, sera offert un gâteau anniversaire accompagné de bulles.

La sortie Salses-Tautavel

Samedi 20 mai 2017, à 7h00 du matin, une trentaine d’Amis du Vieil Istres sont montés dans le car qui les a emmenés dans les Pyrénées-Orientales. Une journée complète pour cette dernière sortie de l’année, avec le matin la visite de la forteresse de Salses et l’après-midi le musée de Tautavel.

La forteresse de Salses est exceptionnelle. Quand le célèbre Vauban la découvre, il qualifie aussitôt de génie son concepteur dont il s’inspirera par la suite dans ses constructions. Car il s’agit de l’architecte Francisco Ramiro Lopez de Madrid. Elle a été construite entre 1497 et 1503, peu après la déclaration de guerre de l’Espagne à la France. Les espagnols occupent le Roussillon et les rois catholiques (les époux Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille) ordonnent alors l’édification d’une place forte. La sentinelle du royaume hispanique sera finalement semi-enterrée, tapie comme un fauve à l’affût, au pied des Corbières. Ce qui lui donne l’avantage de ne pas être repérée de loin. Aussi, la partie la plus haute (tour de l’Hommage) ne culmine qu’à 26 mètres. Les murs extérieurs, d’une épaisseur atteignant 11 mètres, ont découragé les boulets des assaillants mais ils ont aussi largement contribué à conserver l’édifice. Ces murs extérieurs sont escarpés, atténuant l’impact des boulets et les faisant ensuite redescendre vers les fossés. De plus, il fallait passer trois ponts-levis successifs pour pénétrer seulement dans le châtelet d’entrée. L’architecte espagnol avait donc prémédité un lieu sûr, pouvant accueillir le gouverneur et ses officiers qui pouvaient recevoir des visites féminines. Ce qui n’était pas le cas des 1500 soldats …

Les Amis du Vieil Istres devant l’entrée de la forteresse de Salses.

Evidemment, tout était en rapport. La forteresse est presque assimilable à un village avec ses cultures, ses réserves de nourriture, sa boulangerie (un soldat consommait 600 grammes de pain par jour), 60 toilettes, 80 urinoirs, des salles spacieuses pour la noblesse, une étable (dimensionnée pour 30 vaches produisant 600 litres de lait par jour), des galeries et labyrinthes (3 km au total), latrines, hammam, monte-charge pour monter les plats des cuisines à la salle à manger du gouverneur et bien d’autres salles surplombant, au centre, la place d’armes. Du grand luxe pour l’époque, d’autant plus que l’édifice était avant tout à vocation militaire.

La forteresse était conçue pour être imprenable et tenir 40 jours de siège. Car, quand on ne peut entrer de force, on assiège. Salses l’a vécu comme bien d’autres châteaux-forts plus modestes. Les Français puis les Espagnols l’ont reprise à tour de rôle à la suite de longs sièges mais Salses restera française à partir de 1642.

Après avoir connue diverses utilisations (dépôt de munitions, prison, lieu d’exercices …), le site est alors protégé au titre des monuments historiques en 1886 puis déclassé. L’administration des Beaux-Arts le prend en charge en 1930 jusqu’à la passation à la direction du patrimoine du ministère de la Culture. Le service des monuments historiques poursuit patiemment son entretien et sa restauration.

Repas de midi au restaurant El Silex à Tautavel.

Après le repas, le musée de préhistoire de Tautavel attendait les Amis du Vieil Istres. Un musée incontournable. En effet, lors de la fouille archéologique de la Caune de l’Arago, les équipes du professeur Henri de Lumley découvrent en 1971, le crâne d’un homo erectus, soit l’homme qui se tient debout, un pur bipède ayant vécu il y a – 450 000 ans avant JC. Cro-Magnon est presque oublié face à cette découverte qui prend alors le nom populaire d’homme de Tautavel, le plus ancien d’Europe à cette époque. Une découverte qui a évidemment impliqué la création d’un pôle scientifique et culturel. Le petit village viticole de Tautavel devient mondialement célèbre et profite avec plaisir d’un renouveau commercial … inattendu. La grotte était cependant connue depuis 1838, étudiée par Marcel de Serras qui y identifia la faune. En 1948 les recherches de Jean Abélanet permettent de mettre à jour une industrie lithique datant du paléolithique. Des avancées qui vont pousser en 1963 Henry de Lumley à visiter le site et d’entreprendre des fouilles plus méthodiques jusqu’au fameux 22 juillet 1971, jour de la découverte du crâne humain.

Les fouilles ont bien sûr livré une industrie lithique typique du Paléolithique inférieur (biface, chopper …). La faune également grâce à des ossements d’espèces disparues comme l’ours de Deninger, le cheval de Mosbach, le lion archaïque des cavernes, les rhinocéros de prairie et de Merck mais aussi d’espèces qui ont génétiquement évolué dans des contrées plus chaudes après avoir fui la période glaciaire. On peut citer les ancêtres de l’éléphant, du cerf élaphe, du daim, du thar, du bœuf musqué, du bison des steppes, du loup, de la panthère, du lynx des cavernes et du chat sauvage. Certaines sont presque inchangées comme le castor, le lapin de garenne, le mouflon et le porc-épic. Les hommes de Tautavel, laissaient sur place, dans la Caune de l’Arago, les restes de leurs repas qui se sont accumulés sous divers couches de sédiments, la plus ancienne et la plus profonde remontant au Paléolithique inférieur européen.

Les Amis du Vieil Istres devant la carte des temps géologiques.

L’informatique a permis de recréer le visage de l’homme Tautavel à partir de son crâne. Il se reconnait à son front fuyant, ses arcades proéminentes, sa bouche en avant et à son absence de menton. La caverne (Caune de l’Arago) n’était pas un habitat permanent mais un lieu de halte. Une pause de chasse très prisée car le site offre un point de vue stratégique sur l’ensemble de la vallée. Ce qui permet une observation de la faune, source indispensable de nourriture tout comme l’eau de la rivière Verdouble, qui zigzague en contre-bas.

Les campagnes de fouilles se poursuivent chaque été. Depuis 1971, 149 restes humains ont été découverts. Le dernier en 2015 n’est autre qu’une dent datée de -580 000 ans. Ce qui conforte la Caune de l’Arago, à Tautavel, dans sa position de site majeur de la préhistoire mondiale.

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La Sicile musulmane, conférence de Michel Sciara

Ce jeudi 4 mai 2017, Michel Sciara, médecin istréen, est venu nous conter l’histoire de la Sicile musulmane ou la seconde Andalousie (826-1061). C’est l’approfondissement d’une période de cette île dont l’histoire générale avait déjà été présentée par ce même conférencier, il y a six ans.

La Sicile est sous le joug de l’Empire byzantin. Par son climat favorable, l’île est une richesse mal exploitée pour les Arabes du Maghreb qui la convoitent alors. Palerme tombe entre les mains des Fatimides (appuyés par des Berbères) en 831 puis Taormina en 902. Une guerre civile va avoir lieu de 909 jusqu’en 917 entre Chiites et Sunnites.

Malgré ce conflit, la conquête musulmane va provoquer l’essor de la Sicile. Avec 300 000 habitants, Palerme devient la capitale (30 000 pour Rome à la même époque). Une capitale aux 300 mosquées. Par son climat favorable, les arabes introduisent le mûrier (pour la culture de la soie), la canne à sucre, le coton, le henné, l’indigo, les pistaches et le papyrus, toujours fabriqué aujourd’hui à Syracuse. Dans la région de Taormina, la glace, prise sur les pentes enneigées de l’Etna (vers 3000 m) permet la fabrication de glaces au citron et à l’orange qui délectent la princesse arabe.

Dictés par l’Islam, les bains, jusqu’alors réservés à la noblesse, se démocratisent et deviennent accessibles pour le peuple. Car l’eau est maîtrisée et l’irrigation développée (canaux, invention du siphon, création de citernes de stockage …). La Sicile devient alors un véritable verger. Elle rayonne également par ses universités de médecine qui attirent à Palerme, une bonne partie de l’Europe. La domination arabe voit les musulmans cohabiter sereinement avec les populations chrétiennes qui doivent cependant payer un impôt si elles ne se sont pas converties à l’Islam.

Mais au début du XIe siècle, surgit une crise politique affaiblissant le régime en place, une aubaine pour l’Empire byzantin qui réussit à reprendre quelques villes dont Palerme en 1044. Puis, des Normands (Vikings d’origine), installés en Calabre depuis 200 ans, sont mandatés par le Pape pour prendre possession de l’île et la reconvertir au catholicisme. La Sicile devient Normande. Mais toutes les œuvres arabes ne sont pas détruites. Au contraire, elles sont réutilisées et les Normands au pouvoir, parviennent à faire cohabiter à l’unisson toutes les communautés. La langue officielle devient d’ailleurs l’arabe et cette population arabe construit même des églises pour les Normands ! Des Normands qui vont parer leurs lieux de culte avec de l’or pillé lors de leurs conquêtes précédentes. La cathédrale de Monreale, à Palerme, est un bon exemple avec son chœur recouvert de 7 tonnes d’or !

Les Normands vont profiter de cet âge d’or jusqu’à la conquête de l’île par les Angevins et Provençaux en 1266. Mais là, on déborde sur la suite de l’histoire de la Sicile, une suite qui fera peut-être l’objet d’une nouvelle conférence de Michel Sciara, passionnant orateur.

Le médecin et conférencier Michel Sciara remercié par Michel Issert, secrétaire des AVI. Au premier plan de la table, on remarque le drapeau de la Sicile dont les couleurs rouge et jaune, proviennent de celles de la Provence. En effet, l’Angevin Charles d’Anjou (1227-1285), comte de Provence par mariage,
devînt roi de Naples et de Sicile en 1266, succédant ainsi à la domination normande.

Prochain RDV :
Les 4 conférences plannées dans le premier semestre, sont terminées. Rendez-vous le samedi 7 octobre 2017 pour les Rencontres Historiques où seront fêtés les 70 ans des Amis du Vieil Istres (voir programme de l’année).

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