Conférence de Jean Pane : Naples au siècle des Lumières

Professeur d’histoire, Jean Pane nous a offert ce mercredi 22 avril 2015, une conférence maitrisée sur la ville de Naples au siècle des Lumières. Une ville dont il est tombé amoureux en 1968 et qu’il revisite chaque année. Le siècle des Lumières (ou XVIIIème siècle) est le celui des arts et de la culture. Naples va alors rayonner dans toute l’Europe. D’abord avec un premier Roi : le bourbon Charles III d’Espagne qui va régner de 1734 à 1759 dans un royaume indépendant et qui s’apprête à surclasser Rome. Car Charles III (Carlo) transforme le Palais de Capodimonte (1734) puis construit le somptueux San Carlo (1738), un théâtre opéra dont sa forme en fer de cheval et ses loges multi-étagées en font la plus grande salle de spectacles d’Europe. Passionné de chasse, Carlo fait également construire des pavillons dont certains sont transformés en palais. Mais la soif du roi ne s’arrête pas là. Il lance la construction à Caserte (à 30 kms de Naples) d’un palais majestueux où les jardins, sculptures et fontaines s’apparent à Versailles ! Les parcs et le palais ne sont d’ailleurs pas achevés en 1769. La noblesse napolitaine n’est pas en reste avec en parallèle l’édification dans Naples des palais Trabucco, d’Espagne et San Felice. Le clergé assisté par les ordres des Carmes, des Franciscains, des Dominicains et autres Jésuites laissent également des traces de leur présence. La vie culturelle est intense. Outre les arts et la philosophie, Naples devient également la capitale européenne de la musique. Les opéras bouffes dominent et les femmes cantatrices étant mal considérées, on recherche alors des castra qui vont confirmer la supériorité napolitaine en matière de chant. Ce sont souvent des enfants que les parents pauvres sacrifient au supplice entre 7 et 12 ans avec le mince espoir qu’ils réussissent plus tard …

A gauche : l’opéra San Carlo de Naples. A droite : le palais royal de Caserte et ses jardins.

En 1759, Carlo est proclamé Roi d’Espagne et son troisième fils, Ferdinand IV de Naples, lui succède jusqu’en 1825. On le surnomme le Re-Nasone (le Roi au gros nez) mais il sera très populaire et hautement apprécié par son peuple puisqu’il n’hésitait pas à vendre lui-même sur les marchés les produits de sa pêche. En 1789, il ouvre une manufacture de soierie à Caserte avec des employés qui vont bénéficier d’un droit à la retraite ! Rare chez un Roi dont l’originalité va se poursuivre au sein de son mariage de raison. En 1768, il s’unit avec Marie Caroline, l’une des filles de l’Impératrice d’Autriche. Ils eurent 18 enfants … (dont Marie Thérèse, future mère de Marie Louise, la seconde épouse de Napoléon). Ferdinand poursuit l’œuvre artistique de son père, les universités se modernisent, la musique rayonne, Fragonard et le Marquis de Sade n’hésitent pas à se déplacer pour visiter la ville la plus réputée d’Europe.

La France révolutionnaire était devenue pour la Reine de Naples Marie Caroline un ennemi irréductible qui avait décapité sa sœur, Marie Antoinette. Aussi la proclamation de la République française est peu appréciée au pied du Vésuve. En 1798, la République de Rome ouvre les yeux et les troupes françaises mettent en fuite la famille royale napolitaine. Elle se réfugie en Sicile. Le général français Championnet proclame alors la République Parthénopéenne. Une République éphémère qui ne durera que quelques mois jusqu’au retrait (presque) complet de l’armée française. En juin 1799, Ferdinand peut alors rentrer chez lui. Un retour triomphal à Naples où il retrouve son Royaume et son peuple qui l’aime tant. Mais tous ceux qui ont pris parti pour la République vont cependant être traqués et exécutés sans pitié.

L’image de Naples est aujourd’hui faussée par la Camorra et le chômage. Mais comme le soulignait Jean Pane, l’ancienne capitale de l’Europe au siècle des Lumières a su recenser dans ses musées et ses palais la richesse incomparable de son patrimoine issu du siècle des Lumières.

De gauche à droite : Claude Herrera, Robert Strozzi qui vient de remettre un livre cadeau au
conférencier Jean Pane.


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Sortie au Musée Raimu à Marignane

J’aime bien jouer avec Fernandel parce que justement avec lui, je ne joue pas, je parleJe ne suis pas marseillais, je suis toulonnais, l’accent est plus distingué … Deux des nombreuses citations du célèbre acteur que 45 Amis du Vieil Istres ont pu découvrir samedi 11 avril sur les panneaux du Musée Raimu à Marignane.

Anciennement installé à Cogolin, ce musée a ouvert ses portes le 18 septembre 2014 dans l’ancienne villa bourgeoise de Marius Martin, cuisinier du Tsar Nicolas II. Un projet né d’une double volonté : celle d’Eric Le Dissès, conseiller général, maire de Marignane et d’Isabelle Nohain-Raimu, petite fille de l’acteur et de l’animateur Jean Nohain.

Isabelle Nohain-Raimu nous attendait pour nous présenter l’histoire du musée et de sa double ascendance aux noms célèbres. Puis place exclusive à son grand-père : Jules Muraire né le 18 décembre 1883 à Toulon, soit 131 ans avant l’ouverture du musée. A partir de 1910, il choisit d’inverser les deux premières syllabes de son nom et devient Raimu pour le grand public. La chanteuse française Esther Lekain lui avoue alors : Raimu, c’est un nom qui n’accroche pas, ça ne marchera jamais … Et pourtant, l’acteur qui galérait dans le music-hall amateur, est à l’aube d’une immense carrière qui va s’envoler avec la rencontre de son ami Marcel Pagnol. Les Amis du Vieil Istres ont pu ensuite visionner dans une salle de cinéma de 50 places, un film sur cet acteur hors normes, élaboré à l’aide de nombreux documents par des élèves de 14 à 16 ans.

De gauche à droite, 4 affiches parmi les 46 films de Raimu : La Fille du Puisatiers (1940), Ces Messieurs de la Santé (1934), Théodore et Cie (1933) et son dernier film : L’Homme au Chapeau Rond (1946).

Le musée s’étend sur deux niveaux. Il est composé de pièces et documents (tous originaux) retraçant sa vie au théâtre, au cinéma ainsi que dans son cadre familial et privé. Y figurent plus de 800 photos ainsi que des affiches, manuscrits, correspondances, contrats, vêtements, décorations, mobilier et autres objets personnels. Des anecdotes également. Citons en trois : Raimu refusa que sa charmante épouse, Honorine Metayer, au look de star, joue devant une caméra … Il n’y aura qu’un seul couillon à faire du cinéma dans la famille disait-il ! La Femme du Boulanger, l’un de ses films les plus célèbres, resta projeté en VO durant 7 années dans une salle de New-York. Une performance record qui lui vaudra en 1940, le prix américain de meilleur acteur de l’année. Un prix qu’il n’a jamais pu recevoir en mains propres à cause de ses phobies du bateau et de l’avion. Enfin, 3ème anecdote : Raimu refusa le rôle de Panisse dans la trilogie de Pagnol. Il imposa celui de César et demanda à l’écrivain aubagnais de l’étoffer. C’était d’ailleurs souvent Raimu qui mettait en scène certains passages, changeant le projet et les textes de Pagnol qui lui confia ensuite : Jules, tu es un génie !

A gauche, la statue de Raimu, promu Chevalier de la Légion d’Honneur le 4 février 1938 en tant qu’acteur dramatique. Le prodige a également reçu un César d’Honneur en 1983. A droite : la table originale de la célèbre partie de cartes jouée au théâtre.

Le 20 septembre 1946, Raimu entre à l’hôpital de Neuilly-sur-Seine pour une banale opération d’hémorroïdes. Allergique au chloroforme, il ne rouvrira plus les yeux après l’anesthésie. Un Monstre Sacré du cinéma français et sociétaire de la Comédie Française venait de disparaitre. Orson Welles le considérait comme le plus grand acteur ayant jamais vécu.

Samedi 11 avril 2015 : photo souvenir des 45 Amis du Vieil Istres devant l’entrée du Musée Raimu.


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