Samedi 2 juin2018, 24 Amis du Vieil Istres ont pris le car pour la troisième et dernière sortie de l’année : destination Cavaillon où les attendait une double visite, celle de la synagogue suivie du musée archéologique de l’Hôtel-Dieu.
La synagogue est forcément liée à l’histoire des juifs, expulsés du royaume de France par Charles VI en 1394. Certains ont trouvé refuge dans le Comtat Venaissin (partie du Vaucluse actuel) qui fut, de 1274 jusqu’à la Révolution, une propriété papale. L’Eglise les acceptèrent alors sous certaines conditions, avec une tolérance soumise à de nombreuses restrictions et servitudes. A Cavaillon, ils furent confinés (selon une loi de 1452) dans un quartier constitué l’année suivante : La Carrière (du provençal carriero : la rue, dénommée aujourd’hui rue Hébraïque). Une rue fermée et surveillée par des gardes chrétiens et juifs de chaque côté des barrières. Ils devaient porter des signes distinctifs : un chapeau jaune pour les hommes et un ruban de la même couleur pour les femmes. Mais dans ce ghetto où vécurent serrés jusqu’à 200 Juifs, ils eurent l’autorisation de bâtir vers 1494 une synagogue sur des plans établis par des architectes chrétiens car c’était l’une des professions interdites aux Juifs. L’édifice sera ensuite reconstruit en 1772 et 1774. Son aspect extérieur est sobre afin de ne pas faire d’ombre aux édifices chrétiens. Elle demeure cependant la seconde synagogue la plus ancienne de France.
Ci-dessus : photo souvenir devant l’entrée de la Carrière (rue Hébraïque).
Ci-dessous : les explications du guide au sein de la synagogue.
L’étage comprend la salle des prières. Elle était réservée aux hommes avec une décoration haute en couleurs. Un cas unique dans la religion juive avec un style baroque (Louis XV), influencé par les traditions provençale et chrétienne. Face à la tribune du rabbin, se trouve le tabernacle (Arche Sainte) avec à sa droite le fauteuil d’Elie, prophète cité dans l’Ancien Testament et disposé en hauteur sur une console en forme de nuage.
Les femmes y étaient interdites d’accès. Elles écoutaient cependant le rabbin depuis le rez-de-chaussée où une salle de prières leur était acquise. Une salle qui faisait également office de boulangerie.
Le mikvé, bain rituel juif, se trouve par contre dans une autre maison de la Carrière, contigüe côté sud à la synagogue. Une maison dite Jouve, du nom d’une famille sensible au patrimoine de Cavaillon et qui avait racheté de nombreux édifices afin que l’histoire de leur commune ne se perde pas. Le mikvé est inaccessible aujourd’hui pour des raisons de sécurité. Cependant, dans la salle des prières réservée aux femmes, des panneaux explicatifs retracent l’histoire de ce rite purificateur, dédié lors d’une immersion complète, à la renaissance du corps et de l’esprit. Le mikvé a été classé au titre des monuments historiques le 17 décembre 2007.
Les différentes pièces de la synagogue abritent en parallèle des pièces de collection, issues de la guenisah, une autre salle de la synagogue où étaient rangés les objets de culte. Ils sont présentés dans des vitrines formant ainsi le musée juif comtadin. Un musée créé en 1963 alors que la synagogue a été le premier édifice judaïque classé monument historique en 1924.
Dans son souci de conserver le patrimoine de Cavaillon, la riche famille Jouve avait racheté de nombreux bâtiments et, bien sûr, celui qui fut l’objet de la seconde partie de la visite de Cavaillon. Il s’agit de l’Hôtel-Dieu, de sa chapelle et de ses dépendances, rachetés en plusieurs étapes à partir de 1907. Au décès des trois frères et sœur Jouve, l’Hôtel-Dieu est devenu un musée lapidaire qui prit progressivement sa forme actuelle où domine l’archéologie de Cavaillon et de sa région.
Ci-dessus : photo souvenir devant l’entrée de l’Hôtel-Dieu.
Ci-dessous : les explications de la guide dans la seconde salle dénommée André Dumoulin.
Aujourd’hui, ce musée présente des collections témoins de l’occupation humaine et du développement urbain de Cavaillon et de sa région depuis la Préhistoire. Il est composé de trois salles :
La première, dite salle lapidaire, n’est autre que l’ancienne chapelle de l’Hôtel-Dieu, dédiée à Sainte-Marthe. Elle comporte beaucoup de vestiges d’époques gallo-grecque et gallo-romaine. Cette salle offre aux visiteurs des statues, des stèles, des colonnes, des éléments de chapiteaux, corniches et d’autels ainsi que quelques amphores.
La seconde salle (où se trouve l’accueil du musée) est dénommée André Dumoulin (1913-1981), fondateur et conservateur du musée après le décès des frères et sœur Jouve. Elle est consacrée à la Préhistoire. Les périodes néolithique et chalcolithique sont les plus représentées avec des outillages et du mobilier issus de Cavaillon (colline Saint-Jacques) et de communes voisines : Cheval-Blanc (grotte des Enfers, Grotte Basse, Grande Grotte), Robion (grottes du Lierre et du Castellas et site du Boulon), Bonnieux (site des Fabri) et Mérindol (grotte ogivale et site des Maufrines). La salle André Dumoulin présente également les ossements d’un ancien habitant de Robion (entre 2300 et 1600 avant JC). Le squelette est dénommé Ferdinand puisqu’il a été mis en vitrine un 30 mai …
La troisième salle est située au premier étage. Elle est consacrée à l’évolution de la population cavaillonnaise depuis la création de l’oppidum par les Cavares (peuple celto-ligure) sur la colline Saint-Jacques. Une population qui a évolué et a été influencée par le commerce effectué avec les Grecs et les Romains. Cette salle présente en effet des pièces relatives aux cultes, croyances, nourriture, architecture, urbanisme, santé et aux pratiques funéraires de cette population ancienne qui s’est ensuite installée dans la ville basse (Cavaillon actuel) à partir du IVe siècle avant JC.
Vous pouvez voir cette après-midi plus en détails en images en cliquant sur le pavé ci-dessous :