La Sicile musulmane, conférence de Michel Sciara

Ce jeudi 4 mai 2017, Michel Sciara, médecin istréen, est venu nous conter l’histoire de la Sicile musulmane ou la seconde Andalousie (826-1061). C’est l’approfondissement d’une période de cette île dont l’histoire générale avait déjà été présentée par ce même conférencier, il y a six ans.

La Sicile est sous le joug de l’Empire byzantin. Par son climat favorable, l’île est une richesse mal exploitée pour les Arabes du Maghreb qui la convoitent alors. Palerme tombe entre les mains des Fatimides (appuyés par des Berbères) en 831 puis Taormina en 902. Une guerre civile va avoir lieu de 909 jusqu’en 917 entre Chiites et Sunnites.

Malgré ce conflit, la conquête musulmane va provoquer l’essor de la Sicile. Avec 300 000 habitants, Palerme devient la capitale (30 000 pour Rome à la même époque). Une capitale aux 300 mosquées. Par son climat favorable, les arabes introduisent le mûrier (pour la culture de la soie), la canne à sucre, le coton, le henné, l’indigo, les pistaches et le papyrus, toujours fabriqué aujourd’hui à Syracuse. Dans la région de Taormina, la glace, prise sur les pentes enneigées de l’Etna (vers 3000 m) permet la fabrication de glaces au citron et à l’orange qui délectent la princesse arabe.

Dictés par l’Islam, les bains, jusqu’alors réservés à la noblesse, se démocratisent et deviennent accessibles pour le peuple. Car l’eau est maîtrisée et l’irrigation développée (canaux, invention du siphon, création de citernes de stockage …). La Sicile devient alors un véritable verger. Elle rayonne également par ses universités de médecine qui attirent à Palerme, une bonne partie de l’Europe. La domination arabe voit les musulmans cohabiter sereinement avec les populations chrétiennes qui doivent cependant payer un impôt si elles ne se sont pas converties à l’Islam.

Mais au début du XIe siècle, surgit une crise politique affaiblissant le régime en place, une aubaine pour l’Empire byzantin qui réussit à reprendre quelques villes dont Palerme en 1044. Puis, des Normands (Vikings d’origine), installés en Calabre depuis 200 ans, sont mandatés par le Pape pour prendre possession de l’île et la reconvertir au catholicisme. La Sicile devient Normande. Mais toutes les œuvres arabes ne sont pas détruites. Au contraire, elles sont réutilisées et les Normands au pouvoir, parviennent à faire cohabiter à l’unisson toutes les communautés. La langue officielle devient d’ailleurs l’arabe et cette population arabe construit même des églises pour les Normands ! Des Normands qui vont parer leurs lieux de culte avec de l’or pillé lors de leurs conquêtes précédentes. La cathédrale de Monreale, à Palerme, est un bon exemple avec son chœur recouvert de 7 tonnes d’or !

Les Normands vont profiter de cet âge d’or jusqu’à la conquête de l’île par les Angevins et Provençaux en 1266. Mais là, on déborde sur la suite de l’histoire de la Sicile, une suite qui fera peut-être l’objet d’une nouvelle conférence de Michel Sciara, passionnant orateur.

Le médecin et conférencier Michel Sciara remercié par Michel Issert, secrétaire des AVI. Au premier plan de la table, on remarque le drapeau de la Sicile dont les couleurs rouge et jaune, proviennent de celles de la Provence. En effet, l’Angevin Charles d’Anjou (1227-1285), comte de Provence par mariage,
devînt roi de Naples et de Sicile en 1266, succédant ainsi à la domination normande.

Prochain RDV :
Les 4 conférences plannées dans le premier semestre, sont terminées. Rendez-vous le samedi 7 octobre 2017 pour les Rencontres Historiques où seront fêtés les 70 ans des Amis du Vieil Istres (voir programme de l’année).

Publié dans AVI