A l’auditorium André Noël du nouvel hôtel de ville, Marc Suarez nous a montré et démontré les misères de la guerre 1914-1918 sous un aspect inattendu. Illustrée par de nombreux tableaux de peintres (voir quelques images en fin d’article) qui se sont attachés à faire ressortir les horreurs plutôt que le triomphalisme, cette conférence a balayé la Grande Guerre. D’abord sous des textes de Jean Giono et issus du Grand Troupeau : un ouvrage publié en 1931 qui décrit le bétail humain qu’était devenue la masse de soldats broyés dans cette guerre tels les immenses troupeaux de moutons dans les marches forcées des anciennes transhumances.
Ensuite, le conférencier nous a présenté une vidéo enrichie des textes de La Chanson de Craonne (lieu-dit sur un plateau près de Verdun où ont été sacrifiés une multitude de poilus). D’auteur inconnu mais probablement écrite par un collectif de soldats, cette chanson, jugée révolutionnaire et anti-militariste, avait été interdite par l’armée. La musique provient d’une chanson de Charles Sablon, père de Jean Sablon, auteur-compositeur-interprète français le plus international de sa génération.
La Chanson de Craonne : Voir la Vidéo présentée par Marc Suarez
Marc Suarez enchaîne alors avec les mutineries de 1917 qui ont par la suite fait l’objet de thèses. Des mutineries de soldats débordés par l’horreur et par la cadence infernale des tranchées. Ces réactions désespérées que l’on peut associer à des mouvements de grève, avaient pour espoir l’aboutissement à des pourparlers de paix. Cependant, les instances militaires ont préféré fusiller de nombreux mutins pour l’exemple et faire rentrer dans le rang les autres révoltés.
Enfin, la conférence s’est terminée sur l’après-guerre dans le nord de la France avec le retour dans les villages souvent dévastés ou désertés ainsi que la libération des otages employés dans des camps, sans oublier les femmes dont le rôle si important en arrière du front, n’a pas été reconnu.
A noter également : le conseil municipal de Marseille a voté en 1918 une subvention de 900 OOO francs (environ 1 450 000 euros) à la ville d’ Arras, pour sa reconstruction. Ce geste de fraternité garde des traces avec une place de Marseille à Arras, un boulevard d’Arras à Marseille ainsi qu’une médaille grand format que l’on peut voir au Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille sur un socle en bois portant l’inscription : A la ville de Marseille, la ville d’Arras reconnaissante. Ce geste permet d’effacer l’injuste accusation de lâcheté portée contre les méridionaux du XVème corps.
De gauche à droite : Robert Strozzi (qui nous a présenté le programme de l’année 2015), Claude Teissier et Marc Suarez.
De gauche à droite : La Guerre (tableau de Marcel Grommaire, 1925) ; A Taube (tableau de CRW Nevinson, 1916) et portrait de l’écrivain Blaise Cendrars, engagé comme étranger volontaire dans la Grande Guerre qu’il mettra par écrit dans La Main coupée, une oeuvre biographique (tableau de Modigliani, 1917).
A gauche : Le Ravitailleur (tableau de George Scott, 1916). A droite : Ceux qui ont perdu leur nom (tableau de Albin Egger-lienz, 1916).
De gauche à droite : Le Crane (dessin d’Otto Dix, 1924) ; Les Barbelés (dessin de Felix de Valloton, 1916) et Debout les morts, la résurrection infernale (dessin de Frans Maserell, 1917).