Se mobiliser pour une jeunesse en marge de la République était le thème de la conférence organisée par les Amis du Vieil Istres ce jeudi 31 mars à l’auditorium André Noël.
Aujourd’hui retraité, écrivain et président de la commission Éducation de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme), le conférencier Bernard Ravet a su concentrer son thème à partir de ses expériences vécues dans l’Education nationale. En effet, il a dirigé de 1984 à 1989 le Centre de Production de Média d’Istres, hébergé par CETEB (aujourd’hui LEP Latécoère), après avoir dirigé le Centre Départemental de Documentation Pédagogique des Bouches-du-Rhône. En 1999, il est devenu Principal de collège. D’abord au collège Edouard Manet (quartiers nord de Marseille) puis au collège Versailles (centre-ville de Marseille).
Dans ces deux collèges phocéens, il a vécu la montée de l’intégrisme religieux où la parole de l’élève est devenue supérieure à celle de l’enseignant. Bernard Ravet a bien sûr souligné la différence entre l’Islam et l’Islamisme, ce dernier intégrant la politique à la religion en suivant un parcours contraire aux valeurs laïques de la République. Une République qui perd de plus en plus de territoires via une jeunesse marginalisée qui intègre son propre système au détriment des lois françaises.
Bernard Ravet nous a offert plusieurs exemples. En voici un qui en dit long lorsqu’en 2004, des élèves de 5ème interpellent leur professeur pendant un cours sur la justice : Ce n’est pas normal, on doit couper la main à un voleur et lapider une femme infidèle … Ces élèves (parmi les mieux notées de la classe) étaient manipulés par un surveillant qui faisait circuler un petit livre au sein du collège, un ouvrage pourtant interdit en France et imprimé en Arabie Saoudite.
Ces faits, souvent violents, transforment la loi de 1905 sur la laïcité (séparation de l’Eglise de l’Etat) où, en ce début du XXe siècle, la religion est passée dans la sphère du privé. Une loi de liberté se convertissant progressivement en loi liberticide et mettant de plus en plus à distance les valeurs de la République avec une marginalisation qui s’étend à des enfants non concernés. Des enfants évoluant dans des quartiers difficiles, abandonnés par l’Etat où la structure sociale a été remplacée par des règles locales hors des lois de l’hexagone.
Bernard Ravet reste amer envers les politiques qui ont refusé de voir et laissé faire pour de basses raisons électorales. Selon lui, les enfants sont victimes de carence éducative. Il reste de ce fait du travail à faire par l’Etat sur la protection de l’enfance, y compris dans les associations qui sont souvent des filiales religieuses sans contrôle. Il faut également renforcer la protection de l’enfance dans un cadre juridique.
Prochaine conférence : jeudi 7 avril 2022, 18h00 à l’auditorium Charles Aznavour (derrière le gymnase Le Podium) : Le Parlement de Provence au XVIIIe siècle face au roi absolu et aux Lumières par Christian Bruschi, professeur émérite d’histoire du droit et des institutions à l’Université Aix-Marseille.