TOPONYMIE
Ou l’histoire d’Istres par les noms.
ENTRESSEN

Parmi les premiers textes connus apparaît Mansio de transito (maison de passage) puis Stagnum Trensens (l’étang de Trensens) au XIIème siècle, puis Tressens lors de la construction de la Tour. Autrefois en Provence, lorsqu’on se déplaçait vers une ville, on avait pour habitude de dire : je vais en Arles, en Avignon … Peut-être a-t-on dit : je vais en Tressens, assez tôt d’ailleurs car Entrecens est cité au XVème siècle.


Quelques autres graphies d’Entressen : Trancens (en 1258), Trassentz (1269), Trancens (1292, 1321), Transen (1316), Antrecens (1377), Transens (1378), Tressens (1395), Entre Sains (1476, 1537), Transans (1493), Entresens (1506, 1542), Autre Sens (1507), Entressens (1517, 1542), Entresainctz (1537), Entrencen (1757).


1. Entressen : les lieux-dits.
(figurant sur les cartes IGN actuelles).

Cette rubrique est consacrée aux appellations des lieux-dits autour du village d’Entressen. Ce sont le plus souvent des coussouls de Crau (coussou en provençal issu du latin cursorium : pâturage, lieu soumis au parcours des troupeaux).

Abondoux : Coussoul et nom d’une bergerie construite dans le secteur d’anciennes bergeries romaines. A l’ouest de ce coussoul (et de la 4 voies reliant Fos à Arles), il existe de vieux marais nommé aujourd’hui Marais du Bondoux et autrefois Marais de la Bondou (dû aux résurgences de la nappe phréatique de la Crau)… Du provençal bondo : terrain marécageux. Côté coussouls, il reste aujourd’hui un coussoul nommé Grand Abondoux et la bergerie du Petit Abondoux (commune de Saint Martin).

Calameau : Nom de la ferme mentionnée sur la carte de Cassini et toujours située au rond-point au nord d’Entressen. Elle porte l’un des noms du roseau en provençal (calameu). Calameu de cordo : un paquet de cordes de jonc. Dans les deux cas, ce sont des espèces qui affectionnent les lieux humides. Le mas de Calameau appartenait à Alexis Gaspard Joseph François Cappeau (1740-1795) et à son épouse Anne Jeanne Laurent (1743-1806).

Le Nouveau Carton : Coussoul qui appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution et mentionné Cossor Nou et Cursorium Novum en latin au XIVème siècle. Soit le Coussoul Neuf, une appellation similaire qui apparaît ainsi en 1789. Aujourd’hui il reste les bergerie du Nouveau Carton (Carton a parfois été employé pour désigner un coussoul) et du Grand Carton, les deux encadrent la Limouse Bergerie sur la commune de Saint-Martin-de-Crau. Notons que le Nouveau Carton (près du mas de Chauvet) avait été dénommé Petit Canton, sur des cartes de 1840 et 1866.

Limouse Bergerie : Nom actuel de cette bergerie construite près du Puits de Limos (nom de personne : puteus de Limos en 1321, cursorium de Limos en 1322). Devenu aujourd’hui La Limouse Bergerie, sur la commune de Fos.

Magnan : Coussoul situé au sud-ouest du Bois de Silvy. Pour payer des dettes familiales, Michel Foissard fut contraint d’aliéner une partie de sa seigneurie d’Istres à Hugues Bompar, consul d’Aix-en-Provence, ville où il possédait un hôtel dans la rue de Magnan. Hugues Bompar obtînt ensuite en 1533 (par lettres patentes de François Ier), le droit de nommer Magnan ses terres et d’y ériger un fief. Jules Gavet disait en 1906 : De cette seigneurie déchue, il ne reste plus qu’une bergerie et un monceau de ruines. L’appellation est probablement sans rapport avec l’élevage du ver à soie (magnan en provençal). Selon un ouvrage de Joseph Magnan-Corréard paru en 1919, ce serait le ver à soie qui aurait été baptisé en Provence du nom du premier éleveur qui en fit commerce. Les familles au nom de Magnan sont plus anciennes que le ver éponyme.

Négron : Coussouls situés entre le mas des Aubargues et l’autodrome, de part et d’autre de la départementale 5 menant à Entressen. Ecrit Coussou de Négron au XVème siècle : de negroun, nom provençal du fuligule morillon (aythia fuligula), un canard que l’on rencontre souvent en Crau (dans les zones humides). Negre, Negron sont également des noms de famille …

Guillaume Orcel : Nom de personne. Ecrit Guilhem Ausel (au XIVème siècle), Guilhem Aucel (en 1537), Guilheaume Aussel (1615) puis Guillaume Orsel (en 1789). L’un des 9 coussouls d’Entressen qui appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution. Aujourd’hui, il reste la bergerie Guillaume Orcel. Ce coussoul était autrefois dénommé Bonnefille (voir ce nom).

Peyre Estève : Un autre nom de personne qualifiant un coussoul à Entressen mentionné en 1321 : in loco dicto de Peyre Steve sur l’ancien chemin d’Istres à Arles. Nomme aujourd’hui une bergerie près de la base et dans le même secteur. Cette terre cravenne était l’un des 9 coussouls qui appartenaient au XIVème siècle à la seigneurie d’Istres.

Les Poulagères : Un coussoul nommé A pologières au XVème siècle et qui s’écrira ensuite Espoulagière. Aujourd’hui : Les Poulagères (sur la commune de Saint-Martin-de-Crau) … du provençal poulaio, poulagiero : poulailler, marchand de volailles ou d’un autre terme provençal espoulia : spolier, expulser (en parlant de cette terre pastorale).



Retour en haut de la page


Retour à la page d’accueil TOPONYMIE


2. Les mas d’Entressen.

Cette rubrique est consacrée aux mas autour du village d’Entressen avec les appellations figurant sur la carte de Cassini et les noms d’aujourd’hui. Les équivalences entre les noms des mas connus au XVIIIème siècle et les actuels (carte IGN) sont parfois données … Sur la Carte de Cassini, les noms correspondent aux propriétaires de ces mas (construits en liaison avec l’irrigation de la Crau). C’étaient souvent des nobles, bourgeois, ménagers (paysans aisés), avocats, notaires … Au début du XXème, la grande majorité des propriétés agricoles d’Entressen appartenaient à des Marseillais … C’était en effet une époque où d’importants capitalistes de la cité phocéenne (négociants, industriels) investissaient leurs bénéfices. Le Grand Mas appartenait à Nicolas Couppa, le mas Arduin à Louis Massot, le mas de Suffren à la famille Gavoty … Les cultures étaient sous traitées à des fermiers (métayage) mais les propriétés étaient avant tout le rendez-vous de chasse des Marseillais.


Histoire des mas et des coussouls d’Entressen : se reporter au hors-série n°1 des Amis du Vieil Istres


Mas Allibert : Une appellation oubliée puisque Michel Allibert avait racheté quelques hectares au curé Auguste Pascal Cournand (l’un des héritiers du mas de Brassecourte). Mais endetté, il a été exproprié en 1890. Les bâtiments de son mas qu’il avait lui même construits (au bord du chemin du mas de Chauvet longeant la voie ferrée) appartiennent aujourd’hui au mas Severan.

Mas d’Amphoux : L’un des plus anciens mas (daté de 1571), autrefois nommé Chaves sur la carte de Cassini. Le nom de famille Chave a perdu son « s » pour ensuite se transformer en Chalve. C’est Magdeleine Hélène Chalve qui fut l’héritière unique du domaine. Un domaine qui prit alors l’appellation de mas d’Amphoux suite au mariage de Magdeleine Hélène Chalve avec François jacques Amphoux de Belleval (maire d’Istres 1803-1818).

Mas Arduin : Ce mas s’est formé en deux parties. Jean Jacques Denis Arduin (qui a donné son nom au mas) avait racheté le 28 février 1840 l’ancien mas Bec, propriété de Jean Mathieu Bec, négociant et courtier domicilié à Marseille. Suite au décès de Jean Jacques Denis Arduin en 1853, son épouse Françoise Flavie Cappeau rajouta 67 hectares supplémentaires qu’elle avait hérités de son père Jean Baptiste Pierre Cappeau (1766-1830) et après arrangements avec ses 3 sœurs.

Mas des Aubargues : Le mas a été érigé sur un coussoul, qui appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution. Ce lieu-dit fut écrit Dalbargas au XIVème siècle (terme qu’il faut lire D’Albargas), Oubargo (en 1537) puis Daubergues, Daubargues (qu’il faut lire également D’Aubargues). En toponymie, les racines albar (ancien provençal), aub (provençal) et alba (latin) désignent fréquemment des lieux humides où poussent naturellement des saules blancs (salix alba) et des peupliers blancs (populus alba). Un autre lieu en témoigne : les Aubettes (entre l’usine de Rassuen et Lavalduc) même s’il n’est plus écrit sur les cartes actuelles.

Le Mas Blanc : Ce mas (repéré Cappeau sur la carte de Cassini) appartenait à Jean Joseph Cappeau (1735-1783), ménager puis bourgeois istréen, époux de Claire Jourdan. Suzanne, l’une des filles du couple Cappeau-Jourdan, s’est mariée le 28 juin 1791 avec Jean Baptiste Gautier, maire de Saint-Mitre-les-Remparts. Son père Jean Joseph Cappeau lui lègue alors les 27 ha de sa propriété à titre de constitution de dot pour le contrat de mariage. Jean Baptiste Gautier possédait déjà 10 ha contigus aux 27 précédents. Le mas Cappeau devient alors le mas Gautier. Suite à des ventes, il prend l’appellation de Mas Blanc vers le milieu du XIXème siècle. Selon Jules Gavet (L’Oasis d’Entressen, 1906), le qualificatif ne s’adresse pas à la couleur de la bastide mais à un petit pont enjambant le canal des Alpines qui passe à proximité de la propriété. Ce petit pont qui existe toujours, permet de passer de la propriété du Mas Blanc aux coussouls Guillaume Orcel. Ces coussouls appartenaient en 1810 aux frères Blanc de Martigues. Leur père et leur oncle s’étaient unis à Istres avec la famille Orcel : Etienne Blanc marié le 15 juillet 1755 avec Madeleine Orcel et Joseph Blanc (frère d’Etienne) marié le 10 avril 1769 avec Rose Orcel (sœur de Madeleine).

Le Bois de Silvy : Du nom de ses anciens propriétaires (une vieille famille noble istréenne) : l’avocat Gaspard Silvy était le propriétaire de ce domaine d’Entressen au XVIIème siècle. Sa fille Marguerite Silvy (1680-1762) hérita et se maria le 21 juin 1706 à Istres avec l’avocat Jean Cappeau (1674-1748).

Brassecourte : Nom d’un ancien et vaste domaine d’Entressen (figurant sur la carte de Cassini) dont l’emplacement se situait dans le centre-ville actuel (du mas Faron au cimetière). Avant le mas, ce terroir fut écrit Brassacorta au XVème siècle d’où Brassecourte, l’éventuel sobriquet de son propriétaire (brassé en provençal désigne un homme de peine qui travaille la terre avec les bras, sans l’aide d’animaux et de charrues et brasso correspond à la longueur mesurée lorsque les deux bras sont étendus). Dans les deux cas, un petit homme … Par héritage et mariage, il est devenu au cours du XIXème siècle la propriété de la famille Cournand et De Giry, ce dernier nom se retrouvant sur la carte de Jules Gavet (1906). Brassecourte a disparu avec l’urbanisation d’Entressen. De ce vaste domaine, il ne reste au centre-ville qu’un bâtiment dénommé Brassecourte (où logent des dentistes). Ce bâtiment est mitoyen à l’ancien mas de la Chapelle (en face de la chapelle de l’Immaculée conception) qui abrite aujourd’hui la pharmacie de la Chapelle.Côté cimetière, il reste le mas de Pierrefeu qui était autrefois une annexe du mas de la Chapelle. On a souvent cru qu’un lien était possible avec la famille Dedon qui possédait des terres à Entressen et dont une branche s’est installée dans le Var au XVIIème siècle où Pierre Dedon devînt marquis de Pierrefeu. Il n’en est rien. Pierrefeu qui s’est également écrit en deux mots Pierre (à) Feu, provient du fait que, dans cette partie, avait été érigé un poste à feu en pierres (abri de camouflage pour les chasseurs souvent destiné au passage des grives). Le mas de Pierrefeu a lui aussi perdu de son territoire suite à l’urbanisation et la création en 1887 du cimetière d’Entressen.

Mas de Chauvet : Nom de personne qui figurait déjà sur la Carte de Cassini. Appellation inchangée aujourd’hui. Le propriétaire initial se nommait Guillaume Chauvet marié le 3 février 1701 avec Thérèse Bremond. Son fils Barthélémy Chauvet hérita et épouse le 24 avril 1736 Marianne Ollivier. Puis c’est au tour de Jean François Chauvet d’hériter (fils du précédent couple Chauvet-Ollivier) et d’épouser Claire Peyre le 14 juin 1763. Le mas de Chauvet a ensuite été plusieurs vendu jusqu’en 1910 où il est devenu la propriété Nicolas Couppa, propriétaire du Grand Mas mitoyen.

Les ascendants de Guillaume Chauvet étaient originaires des Alpes et avaient connu Istres lors des transhumances. C’est le cas de Pierre Chauvet, berger et éleveur de moutons, né à Méolans-Revel (Isère) en 1515 puis marié à Istres vers 1551 avec Madeleine Pesseguier.

Mas d’Espale : Les hectares ont été maintes fois vendus et échangés mais le mas actuel correspond à deux mas figurant sur la carte de Cassini : le Mas Jourdan (propriété de Jean Joseph Jourdan) et La Crotte (creux, grotte). Suite à différentes unions entre les familles Jourdan-Cappeau et Cappeau-Buech, il va devenir le Mas de Buech avec notamment Joseph Laurent Buech, 1er maire d’Istres élu pendant la Révolution en février 1790 et l’un des fondateurs et actionnaires du canal de Boisgelin (aujourd’hui des Alpines). Mais suite au mariage de Marguerite Buech (fille de Joseph Laurent et Thérèse Christine Cappeau) avec Nicolas Jacques Gerault de Montroyal, le mas de Buech devient le mas Gerault (figurant sous ce nom sur le cadastre napoléonien de 1810). L’hoirie Gérault revendit leur propriété à un vauclusien dénommé Joseph Spale, nom que l’on peut lire également sur la carte de Jules Gavet (1906). L’appellation actuelle (mas d’Espale) n’a donc aucun rapport (comme on a pu le supposer) avec l’épaule : espalo en provençal … Espale n’étant qu’une déformation de son ancien propriétaire.

Mas de l’Etang : Ainsi nommé pour sa position proche de l’étang d’Entressen. Vers la moitié du XXème siècle, il appartenait encore au mas Pointu jusqu’à ce que les propriétaires s’en séparent pour des raisons économiques.

Mas Faron : Il correspond à une partie de l’ancien mas Arnoux figurant sur la carte de Cassini. L’agriculteur Antoine Arnoux possédait ce mas par héritage depuis le 24 décembre 1777. Puis suite d’héritages, legs et ventes, il est devenu la propriété de Joseph Arnaud dit le Faron, cultivateur domicilié à Entressen. Ce surnom découle en fait de l’appellation du mas Faron, peut-être à cause d’un éclairage particulier. En effet, Faron (terme issu de phare, pharon, farot) désignait autrefois une tour de guet possédant une lanterne ou faisant des feux de signalement et de repérage. Là est probablement l’origine l’appellation de ce mas qui fait face à la Tour d’Entressen, ancienne halte militaire.

Mas de la Gavotte : Appellation datant du milieu du XIXème siècle issue de gavot, gavach : nom donné autrefois aux montagnards alpins. Ce mas a effectivement appartenu à cette époque aux familles Berthon (originaire de Daluis, Alpes Maritimes) et Barbaroux (originaire des Alpes-de-Haute-Provence). En 1882, le mas de la Gavotte s’est rendu célèbre par un double assassinat qui avait défrayé les chroniques (voir à sujet l’article 1882 : Peur sur la ville d’Istres paru dans le bulletin n°38 des Amis du Vieil Istres). Le bâtiment principal de ce mas était auparavant dénommé mas Lavallière pour avoir été la propriété du sieur Vallière, originaire de Grans. Au début du XIXème siècle, la plupart des terres encadrant le bâtiment principal appartenait à la famille Aymès qui seront tous surnommés Vallière jusqu’en 1910 environ

Mas du Graillon : Autrefois écrit Grayon et jusqu’en 1930. Il a appartenu au mas d’Espale puis au mas Pointu au cours du XIXème siècle avant de retrouver son indépendance. Parmi tous ses anciens propriétaires, aucun n’est dénommé Graille ou Graillon. Aussi, cette appellation semble provenir du provençal graio : choucas, corneille, des oiseaux fréquents en Crau.

Le Grand Mas : Mentionné sur la carte de Cassini et appellation inchangée. Ce domaine appartenait aux Cappeau puis aux Prat suite au mariage de Marie Constance Delphine Cappeau (1809-1873) avec Denis Auguste Prat (1802-1873, ancien maire d’Istres et directeur de l’usine de Rassuen). Leurs filles Marie Valentine et Gabrielle Marie Mathilde l’ont vendu en 1888 à Nicolas Couppa, négociant marseillais d’origine grecque. Celui-ci l’avait momentanément renommé mas des Ormeaux mais cette nouvelle dénomination n’a pas tenu … même si ces arbres sont encore présents.

Mas Greco : Ce mas qui compte aujourd’hui 35 hectares rassemble les anciens mas des Pan Perdus (les pas perdus en provençal) et Escoffier (nom du propriétaire initial qui avait construit les bâtisses : François Xavier Escoffier, originaire de Montfavet). L’un des héritiers Escoffier se prénommait Marcel Joseph, marié le 15 juin 1936 à Oudja (Maroc) avec Marie Marguerite Grequt, cette dernière étant à l’origine de l’appellation Greco.

Mas Guilhem :Nom de personne pour ce mas situé entre Bayanne et Entressen. Avant l’apparition des constructions, les coussouls de Guilhem dits aussi de Roubaud-Guilhem ont appartenu à des chapellenies istréennes qui possédaient des terres en Crau : celle fondée en 1416 par Antoine Roubaud et celle des Douze Articles de la Foi, fondée vers 1547 par le prêtre Barthélémy Guillem (devenu Guilhem par les caprices de l’état-civil).

Mas des Intimes :Il est formé par une partie de l’ancien mas David figurant sur la carte de Cassini.L’appellation date de 1875 lorsque Jean Girard revendit sa propriété de 12 ha à François Martin Delaye (charretier à Marseille), Joseph Nicolas Constant (boulanger à Marseille) et Eugénie Gay (marchande de graines à Marseille), séparée judiciairement de son époux François Pin depuis le 22 septembre 1865. C’est à partir de cette vente que le domaine a pris le nom de mas des Intimes. On peut songer que ces trois personnes liées d’amitié et non apparentées venaient s’y retrouver dans l’intimité, loin du tohu-bohu marseillais …

Mas Jean Guirand : Nom de personne pour ce mas dont les terres sont mitoyennes au mas Guilhem. L’appellation est très ancienne et peut remonter au XIème (époque où la propriété ne comportait que des coussouls) : Guirannus de Istro en 1059 puis coussoul de Jean Guirand en 1789.

Mas Latil : Une appellation que l’on peut lire sur la carte de Jules Gavet, 1906. Originaire du Puy-Sainte-Réparade où elle a vendu de nombreux domaines et immeubles, la famille Latil s’est installée à Entressen au XIXème siècle. Parmi ses descendants, citons l’agriculteur Jean Baptiste (dit Baptistin) Latil (1858-1944) qui fut le 1er adjoint au maire spécial Entressen de 1913 à 1919. Les terres de cet ancien mas Latil font désormais parties des mas mitoyens (Petit Mas, la Poste, Greco, Severan). Il ne reste aujourd’hui que leur ancienne bastide (baptisée Saint-Jean) en bordure du chemin du Mas de Chauvet (partie longeant la voie ferrée).


Le mas d’Amphoux et l’allée d’entrée du mas de Rigau.


Retour en haut de la page


Retour à la page d’accueil TOPONYMIE


Mas de la Melonnière : Appellation récente … C’est vers 1965 que la culture du melon est apparue en Crau pour être abandonnée vers 1985. Cette culture a altéré de nombreux coussouls, surtout les premières années où les melons ont souffert d’un champignon jusqu’à l’essai de variétés plus résistantes. Ce qui obligeait à replanter dans d’autres coussouls. Il reste aujourd’hui des friches dites melonnières offrant une flore sans intérêt si on la compare avec celle des coussouls encore vierges. Dans la Crau istréenne, on a également cultivé le melon à Calissanne et à Magnan.

Le Petit Mas : Il correspond à l’ancien mas Grégoire (du nom de son propriétaire initial qui avait racheté des terres au mas mitoyen d’Espale en 1830). Jean Manacorda qui avait racheté la propriété à l’hoirie Doze (famille auparavant unie aux filles de Jean Grégoire) l’a renommé Petit Mas, peut-être par opposition au Grand Mas, très proche.

Mas Pointu : Autrefois le mas Ponchu sur la carte de Cassini. Ce mas peut s’adresser à la configuration topographique de son terrain (en pointe) ou à l’(ancienne) architecture de la bastide principale (du provençal ponchu : pointu, pointe de rocher …).

Les Mas de la Poste et Severan : Ces deux mas mitoyens n’en faisaient qu’un au début du XIXème siècle avant d’être séparés. Le mas Severan a quelques temps appartenu au propriétaire du mas d’Espale. Puis la famille Arnaud a racheté les terres pour rendre le mas Severan indépendant du mas d’Espale. Josette Arnaud hérita et se maria avec Pierre Julien Charles Chorot qui fut adjoint spécial Entressen à la municipalité d’Istres. Son fils Jean Pierre Chorot hérita à son tour du mas Severan puis racheta vers 1984 le mas mitoyen de la Poste à Augustin et Michel Lieutaud.L’actuel mas Severan correspond au mas Suveran (vieille famille istréenne) sur la carte de Cassini. Il a porté longtemps une appellation intermédiaire qui figure sur le cadastre napoléonien : le mas du Siblaire, siffleur en provençal mais aussi le surnom de la grive mauvis, une siffleuse réputée. Dans ce secteur, il existait au début du XIXème siècle quelques hectares dénommés La Grive. Le mas Severan est mitoyen au mas de la Poste (qui figure sur la carte de Jules Gavet) dont les bâtisses peuvent être datées du début du XIXème siècle. Un relais de poste était autrefois le lieu où des chevaux frais attendaient d’être échangés pour continuer plus rapidement la livraison du courrier. Plus tard, les chevaux seront remplacés par des voitures hippomobiles (charrettes, calèches, diligences).Dans le secteur de ces mas de la Poste et Severan, deux familles principales étaient propriétaires de terres : les Suveran et Félix. Louis Suveran était charretier de profession puis Ses deux fils Antoine et Jean Suveran étaient des voituriers. Tout comme André Félix, voiturier et son père Antoine Félix également voituriers professionnels.

Mas La Reghaia : Appellation récente (vers 1960) pour ce mas situé sur la D10 ou route d’Entressen vers Miramas. Les anciens propriétaires l’avaient ainsi baptisé en souvenir de Réghaïa, une commune algérienne, située dans la banlieue Est d’Alger d’où ils étaient originaires.

Mas Rey : Jean Hughes Rey, fermier à Entressen, avait acheté le 24 mars 1887 cette propriété auparavant dénommée mas Jrisson. Du nom de son propriétaire précédent : François Jrisson, cultivateur de l’Isle-sur-Sorgues marié avec Julie Joséphine Latil, dont la famille avait des terres mitoyennes (voir mas Latil sur la carte de Jules Gavet).

Le Mas du Rigaud : Le mas du Petit Rigaud (carte de Jules Gavet) correspond à une partie de l’ancien Mas David sur la carte de Cassini. Le propriétaire initial est probablement Pierre David, marié le 5 juin 1730 à Istres avec Marguerite Torrel. Leur fils Joseph se maria le 22 avril 1760 avec Claire Chalve, cousine de Magdeleine Hélène Chalve qui était l’épouse de François Jacques Amphoux de Belleval (propriétaires du mas d’Amphoux mitoyen). Des parcelles de cet ancien mas David sont devenues la propriété du mas du (Grand) Rigaud. Du Petit Rigaud, il ne reste aujourd’hui qu’une bastide restaurée.Deux autres parties de l’ancien mas David sont devenues le mas Rivero et le mas des Intimes (voir ces deux mas).Le mas du Grand Rigaud correspond au 1er Mas Arnaud figurant (côté gauche) sur la carte de Cassini. Englobant lui aussi des parcelles du mas David, il appartenait à Etienne Guillaume Arnaud, maître chirurgien, conseiller municipal (1784-1786) puis deux fois 1er consul d’Istres durant la période 1787-1790. Son fils l’avocat Etienne Louis Arnaud (lui aussi deux fois 1er consul entre 1791 et 1792 puis maire d’Istres d’octobre 1818 à juillet 1826) était marié avec Thérèse Chalve, sœur de Magdeleine Hélène qui était l’épouse de François Jacques Amphoux de Belleval (propriétaire du mas d’Amphoux mitoyen). Le Grand Rigaud est ensuite devenu la propriété de la famille Bonfilhon suite au mariage de Charles Mathieu Bonfilhon le 9 février 1768 à Istres avec Marie Thérèse Arnaud, fille de Claire Peyre et d’Etienne Guillaume Arnaud.Suite à de nombreuses ventes, une partie du Grand Rigaud (au nord de la voie ferrée, côté étang d’Entressen) est devenue le mas du Rigau de l’Etang. Il est aujourd’hui géré par une société d’administration d’immeubles et autres biens immobiliers, basée à Saint-Martin-de-Crau et créée en 1985. Vers 1967, le reste du Grand Rigaud est devenu le mas du Rigau et la propriété de Mr et Mme Jean-Marie Dardar. A la même époque, Mr Pierre Chayrigues a racheté le Petit Rigau. Le mas abandonné a été restauré.

Rigau ou Rigaud ? La perte de la lettre « d » est due à l’initiative de madame Dardar. Appréciant peu le nom de son mas, elle a choisi de le dénommer Rigau, nom provençal du rouge-gorge. Une appellation plus sympathique mais peut-être inutile car si Rigaud est un nom de personne, aucun ancien propriétaire n’a pu être décelé sous ce nom. Aussi, il est probable que Rigau(d) (le rouge-gorge) ait été écrit autrefois avec un « d » par erreur. En tous cas, l’initiative de Mme Dardar a été suivie dans les autres domaines du Petit Rigau et du Rigau de l’étang ainsi que sur les cadastres officiels sans aucune démarche !

Mas Rivero : Il faisait autrefois partie du mas David sur la carte de Cassini. En 1911, une portion de 12 hectares a été vendue à Amélie Adrienne Golé, veuve de Maurice Rivero, originaire d’Italie. Sous son impulsion et celles de ses enfants (Jeanne Marguerite et Joseph), cette propriété a pris le nom de mas Rivero.

Mas de Suffren : Lié à la célèbre famille Suffren (voir Bailli de Suffren, rubrique patrimoine istréen) qui avait acheté en 1715 l’ancien mas de Coye (toujours mentionné sous ce nom sur la carte de Cassini). Coye est le nom d’une famille qui, venue aux Baux avec Raymond Bérenger, y a résidé jusqu’au XVIIIème siècle. Au XIXème siècle et jusqu’en 1956, la riche famille Gavoty de Marseille était propriétaire du château de Suffren. Mais après le décès d’Alfred Gavoty (1877-1950), les héritiers vendirent le domaine à Mr Jarrige qui se séparera une dizaine d’années plus tard d’une portion au nord de ce vaste terroir, à l’emplacement où fut alors construit le mas des Quatre Vents (dans une position très découverte, entre Suffren et le Luquier).

Mas Terre Franche : Entre Calameau et la Tour d’Entressen, propriété seigneuriale. Ce mas a conservé une appellation ancienne datant du Moyen Age désignant un terrain affranchi de taxe.

Mas de la Tour : A côté de la Tour d’Entressen (voir rubrique patrimoine istréen). La dernière propriétaire noble de ce mas (jusqu’en 1896) fut Madame Marguerite Marie d’Imecourt (née de Vassenhac Imecourt), épouse de Victor Hugues Kraft Frédéric Guillaume (prince de Hohenlohe Ochrington). Le couple vivait en Autriche. Auparavant, le domaine appartenait à la comtesse de Vassinhac d’Imecourt, née Galliffet de Martigues, descendante de Louis François Alexandre de Galliffet, prince de Martigues en 1772 (propriété des Froissard, la seigneurie d’Istres avait été intégrée en 1609 à la Principauté de Martigues).

Mas du Vallon : Au nord d’Entressen. Diminutif de val (vallée), une petite dépression humide et marécageuse où réside aujourd’hui le mas du … Vallon. C’est l’ancien lit dit de la Grand Maïre qui s’écoulait vers l’étang d’Entressen (maïre en provençal : fossé d’écoulement, source … d’où les marécages qui existent toujours à côté du mas). Au XVème siècle, le lieu fut mentionné : … vallato appelat Mayre … et se tenait proche d’un ferrage nommé Codoliera (coudouliero en provençal : lieu pierreux, couvert de cailloux, où les galets abondent).

Mas du Verry : Ce mas édifié en 1723 a appartenu à Etienne Guillaume Arnaud, maître chirurgien classé dans les bourgeois Istréens et conseiller municipal (1784-1786) puis deux fois 1er consul d’Istres durant la période 1787-1790. Son fils Louis Etienne Arnaud (avocat) était marié avec Thérèse Chalve, sœur de Magdeleine Hélène qui était l’épouse de François Jacques Amphoux de Belleval. Il fut deux fois 1er consul entre 1791 et 1792 puis maire d’Istres d’octobre 1818 à juillet 1826 avant de décéder le 19 octobre 1826. Le 27 janvier 1876, Louis Camille Léon Imbert (héritier unique du mas Arnaud) revend la propriété à François Marius Louis Seren, courtier de commerce à Marseille. Celui-ci crée ou améliore un élevage de porcs. Un élevage qu’on peut qualifier d’industriel à cette époque : une centaine environ (qui perdura jusqu’au début des années 1970 avec les propriétaires suivants). La porcherie est probablement à l’origine de l’appellation mas du Verry puisqu’en provençal verrat est un porc reproducteur et verri représente la saillie de la truie.


Retour en haut de la page


Retour à la page d’accueil TOPONYMIE


3. Entressen :
Les appellations disparues de lieux-dits et coussouls.

Aurefolle : Ecrit autrefois Orréfouale. Du provençal auro : vent et fol : fou. Un lieu soumis à un fort vent, probablement le Mistral … car le coussoul d’Aurefolle se situe au nord du mas de Suffren.

Belle Ponce : Ecrit sous la forme Bella Ponsa en 1429. Nom ou prénom de personne (Pons, Poncet) féminisé ou bien un joli pont (pons en latin). Dans son Oasis d’Entressen, Jules Gavet signale une terre nommée Belle Pouce, située vers le mas de Suffren alors qu’une carte de 1866 place une Belle Ponse, plutôt 200 mètres au nord de l’étang d’Entressen. Les coussouls de Belle Ponse sont aujourd’hui situés sur la communes de Saint Martin de Crau. Charles Rostaing supposait cependant une origine provençale : ponso, un oiseau proche du corbeau.

Berard : Nom de personne, mentionné cursorium de Berardo en 1322, puis Berart toujours au XIVème siècle. Ce Coussoul appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution. En 1378, il avait été loué par la famille Roubaud (voir Guilhem) et se situait entre ce terroir Guilhem et la bergerie Guillaume Orcel.

Berenguier : Coussou de Berenguier au XVIème siècle et qui sera vendu aux enchères (comme les autres) lors de la Révolution. Nom de personne lié aux Dedons (Jean Bérenguier fut le beau-père de Jean Dedons, XVème siècle).

Bonnefille : Coussoul qui appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution : Bonnafilla (XIIIème siècle) puis mentionné en 1321 sous la forme Bonafilha. Egalement écrit crosum de Bonnafilla, du bas latin crosum : creux (cros en provençal). Cité comme un domaine rural au XVIIème siècle puis Coussoul de Bonnefille en 1789 … Bonnefille : nom de famille qui peut-être également le féminin de Bonfils (Bonfils, Bonfillon, Bonnenfant, Bonnefoi … étaient des noms fréquents à cette époque ainsi que leur féminisation pour désigner un lieu). Après la Révolution, ce coussoul a pris l’appellation Guillaume Orcel.

La Brune d’Istres : Première appellation connue sous la forme Bruna (XVème siècle) pour ce coussoul qui appartenait à Antoine Ferrier, baile d’Istres. Ecrit coussoul de La Brune en 1789. Selon Charles Rostaing, le terme proviendrait de l’ancien provençal borna : borne. Plus tard, il y eu deux Brunes : La Brune d’Istres (appellation désuète, à l’ouest de la base) qui faisait face à la Brune d’Arles (appellation encore en vigueur mais qui se situe aujourd’hui sur la commune de Fos). Ces deux brunes suggèrent l’idée d’une limite entre deux secteurs … à l’image de La Lègue, de Groupède … (voir ces noms). Près de la Brune d’Arles, des archéologues ont découvert des monticules hauts de 50 cm enserrant les vestiges de deux bâtiments antiques (bergerie, auberge romaine). Au XVIIIème siècle existait dans ce secteur un chemin de transhumance dénommé draille de la Brune.

Le Clapier : Ecrit Lo Clapiar au XIVème siècle. Du provençal clapiero : tas de pierres. Coussoul qui appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution.


Dedons : Nom de personne et d’un coussoul qui fut écrit Dodon, Dudon (XIVème siècle) puis Doudon, Doudou … et enfin Dedonis, Dedonum (en latin). Mais le terme exact est Dedons. Il s’adresse à une famille noble istréenne, propriétaire de nombreux coussouls et mas à Entressen du XVème siècle jusqu’à la Révolution. Cette famille fut au service du pouvoir seigneurial durant de nombreux siècles. Elle est attestée en 963 dans la charte de l’abbaye de Montmajour puis en 1285. René et Christian Giroussens ont retracé leur histoire avec les diverses branches généalogiques (Istres, Arles, Aix, Saint-Mitre …) jusqu’au XXème siècle dans un livre (voir Publications / Autres ouvrages). Ce coussoul appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution et se situait vers la Tour d’Entressen. Un autre coussoul dénommé Dedons (ex Lebrate, voir ce nom) se situait à l’est du mas du Verry.

Lebrate : Ecrit en lebratas (XVème siècle). Lebrate : nom d’une famille noble arlésienne éteinte en 1429 mais connue à Entressen pour avoir posséder les siècles précédents, ce coussoul à leur nom. Au XVème siècle, il appartenait à Antoine Ferrier, baile d’Istres. Des actes montrent qu’au XVIème siècle, il existait encore à Istres la chapellenie Sainte-Catherine de Lebrate. En 1327, Bertrand Lebrate avait passé une reconnaissance en faveur de l’abbaye de Montmajour pour une autre terre qu’il possédait à Bayanne. Suite à des changements de propriétaires, ce coussoul a ensuite appartenu à la famille Gautier du Poët dont une fille Marie-Christine avait épousé en 1744 Jean Baptiste Dedons, seigneur du Lis. D’où ces coussouls également surnommés Dedons.

Articles publiés par les Amis du Vieil Istres sur la famille Dedons : voir les bulletins n° 14, 18, 19 ainsi que l’ouvrage de Christian et René Giroussens : Les Dedons, histoire et généalogie d’une famille provençale.


Nivoline : Neulinas au XIVème siècle, puis Neoline et Neouline en 1789 … Déformation du latin novum (nouveau) et linea (tracé). Désignait une nouvelle terre mise en culture ou en pâturage. Ce coussoul appartenait à la seigneurie d’Istres jusqu’à la Révolution. Au XVIème siècle, fut mentionné la Faisse de Nivoline (faisso en provençal : bande de terre cultivée et étroite, souvent soutenue par un mur comme une restanque).

Al Pradet : Le petit pré en provençal mais lequel …

Tabacaraire , Tabacaire : anciennes appellations des coussouls situés au nord du mas de Suffren. Termes dérivant de carraire et synonyme de draille : piste, chemin pour les troupeaux lors des transhumances. A Istres, il reste encore quelques drailles (qui sont aujourd’hui des noms de rues) : la Draille de Coromandel, du Deven, de Crau (Tartugues) et à Entressen : les Drailles du Cimetière et du Verry.


Retour en haut de la page


Retour à la page d’accueil TOPONYMIE