Conférence Robert Strozzi mercredi 11 mars 2015

Mercredi 11 mars 2015 à l’auditorium André Noël, Robert Strozzi nous a retracé l’histoire du site de la gare Saint Charles, nom d’un saint qui avait probablement son église dédiée dans ce quartier. L’histoire du site débute au néolithique (-4000 ans avant JC). Les archéologues ont mis à jour de nombreux trous de poteaux, silex, hache polie, coquillages … Mais il est fort possible que le site ait connu une occupation plus ancienne si l’urbanisation n’avait pas effacé les traces. Un site qui fut ensuite occupé par les ligures (VIIIème siècle avant JC), puis par les celto-ligures, les gaulois ségobriges et bien sûr les grecs, fondateurs de Massalia avec la légende de la création de la ville où Gyptis et Protis entrent en scène. On a retrouvé sur cette colline les traces des vignobles les plus anciens de France. Mais Massalia avait pris le parti de Pompée. Aussi, Jules César lança sans attendre le siège de la cité (blocus maritime et mise en place de catapultes depuis la butte Saint Charles). Cette butte offrit ensuite un plan de campagne qui a contenu des vergers et autres cultures durant plusieurs siècles. A la fin du XVIIème siècle, les instances décident d’agrandir les fortifications de la ville (jusqu’à l’actuel boulevard d’Athènes au pied du site). Puis en 1800, des sœurs s’y installent après la construction du couvent dénommé Second Monastère de la Visitation. Le monastère est vendu en 1809 mais racheté partiellement par ces mêmes religieuses (Les Petites Maries) en 1817.

La construction du canal de Suez et l’industrie française en pleine expansion ont impliqué la création d’une ligne de chemin de fer Paris-Marseille sous la houlette de l’ingénieur français Paulin Talabot. Le choix de la gare marseillaise se porte alors sur la butte Saint Charles, à 53 mètres d’altitude afin que le départ des locomotives (peu performantes à l’époque) soit facilité. La gare est inaugurée le 8 janvier 1848. Dès le lendemain, un train de 600 personnes et tracté par deux locomotives, effectue un voyage aller-retour jusqu’à la gare d’Arles. Un transport révolutionnaire pour l’époque, deux fois plus rapide que les diligences et pouvant accueillir un nombre nettement plus important de passagers. Le site a ensuite évolué. Ainsi, on note en 1866 l’aménagement de salons dans la gare en l’honneur de l’impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III. L’escalier monumental (classé Monument Historique en 1964) est d’abord inauguré en 1925 puis en 1927 en présence du président de la République Gaston Doumergue. Ce chef d’oeuvre orné de statues et de pylônes, a fait l’objet de l’achat et de la destruction d’un ancien séminaire en 1908. La gare Saint Charles n’a ensuite cessé de se moderniser et d’être restaurée, notamment après la seconde guerre mondiale suite au bombardement allié du 27 mai 1944. Le 1er TGV entra à Saint Charles le 17 mai 1982 puis ce sera la naissance du projet Euroméditerranée afin que Marseille redevienne la capitale maritime du sud-est.

Robert n’a pas omis de nous raconter d’autres faits historiques que le site a pu connaitre comme le cimetière paroissial (Université de Provence aujourd’hui) qui deviendra civil au début du XIXème siècle pour fermer ses portes en 1876. Un cimetière où s’approcha au début des années 1900 une manufacture de tabac. Le site a également connu un foyer recevant des filles-mères, le lycée Victor Hugo et malheureusement l’attentat du terroriste Carlos le 31 décembre 1983 dans la gare Saint Charles.

Le conférencier Robert Strozzi (membre des AVI) et Claude Herrera (président de l’association).


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