Jeudi 23 février, à l’auditorium André Noël, un large public a bu sans compter les paroles d’un passionné d’aéronautique : Pascal Jacques. Sa conférence (la seconde organisée en 2020 par les Amis du Vieil Istres), portait sur le thème : La présence de la NASA sur la base d’Istres dans le cadre de l’atterrissage d’urgence de la navette spatiale américaine.
Membre du Conservatoire du Patrimoine Aéronautique Istréen, Pascal Jacques nous a d’abord présenté l’histoire de la navette spatiale américaine depuis sa création et son premier vol (avril 1981) jusqu’à son dernier tir (juillet 2011), la NASA ayant suspendu son programme spatial pour des raisons économiques. Durant cette période, la NASA a effectué 135 tirs de navette (satellites, station MIR …), un tir coutant environ 135 millions de dollars mais moins cher que les fusées. D’un poids à vide de 67 tonnes et d’une hauteur de 17 mètres sur 23 mètres de long, la navette (avec ses 7 astronautes) devait atteindre la vitesse de 27 000 kms/h pour être mise en orbite, soit environ 8 minutes après son décollage.
En cas de problèmes après environ 2’30 de vol, la navette ne pouvait plus faire demi-tour et regagner sa base de lancement à Cap Canaveral, attenante au centre spatial JF Kennedy en Floride. Il fallait alors la rerouter vers une base. Celle d’Istres avait été choisie pour sa position géographique, sa météo favorable et surtout pour sa piste d’atterrissage de 5 kms, la plus longue d’Europe. Cela ne s’est jamais produit mais la navette aurait atterri à Istres par le nord environ ½ heure après son départ, cela avec une zone d’exclusion aérienne de 35 kms autour de la base. En théorie, la navette serait « tombée » d’abord en spirale, comme une feuille morte puis, tout en planant, guidée automatiquement à partir de 3 500 mètres sur deux pentes étudiées et inclinées à 19° puis à 1,5°.
Lors du lancement d’une navette, des ingénieurs et des techniciens étaient présents sur la base d’Istres pour pallier un éventuel atterrissage. En cas de crash sur la piste, les pompiers militaires istréens étaient également en alerte. Ils avaient au préalable reçu une formation spécifique de sauvetage et d’intervention sur le site même de la NASA en Floride. Notons que la navette aurait atterri à une vitesse de 380 kms/h (200 kms/h pour un avion de chasse).
Pascal Jacques a illustré sa conférences par de nombreuses photos et vidéos :
- Le site d’assemblage de la navette, sa mise délicate en position verticale et son transport jusqu’à la base de lancement.
- L’impressionnant décollage de la navette accolée à de lourds réservoirs de carburants provoquant la poussée verticale.
- L’entrainement et la formation des pompiers devant intervenir après un crash.
- La récupération de la navette, son transport sur le dos d’un Boeing 747.
- Et bien sûr, la désintégration de la navette Challenger le 28 janvier 1986, 73 secondes après son lancement, un accident dû à la défaillance d’un joint d’étanchéité.