En avril ne te découvre pas d’un fil… l’adage a pu être vérifié ce samedi 6 avril 2019. La baisse brutale des températures et la pluie battante n’ont pas découragé les Amis du Vieil Istres qui s’étaient inscrits pour visiter le musée Jean Moulin (Souvenirs de mon pays) à Saint-Andiol. Une commune qui lui avait déjà dédié une rue, une place, une école maternelle et désormais ce musée, inauguré le 6 juillet 2018. Il est né grâce à la volonté du maire Luc Agostini et à l’investissement de l’historien Thomas Rabino.
Ce musée occupe un espace de 200 m2 en lieu et place d’une ancienne école communale restaurée que Jean Moulin a fréquenté en tant qu’élève. Il rassemble 10 années de travaux, de recherches et de collectes. 200 photos rares, des films d’époque ainsi que des documents et objets inédits retracent ainsi l’histoire de Jean Moulin, qui a passé son enfance à Saint-Andiol. Les Amis du Vieil Istres ont pu découvrir un Jean Moulin méconnu, souvent masqué par son illustre parcours de résistant et de martyr.
La première salle est dite républicaine. Elle offre des panneaux relatant l’enfance de Jean Moulin, son attachement à Saint-Andiol, son itinéraire d’étudiant (licencié en droit), sa mobilisation lors de la Première Guerre mondiale, sa nomination au poste de sous-préfet d’Albertville (Savoie) en 1925 (le plus jeune de France à cette époque) puis au poste de sous-préfet à Châteaulin (Finistère) en 1930, sa nomination au poste de préfet à Chartres (Eure-et-Loir) où il sera révoqué par Vichy le 2 novembre 1940, son mariage éphémère en 1926 avec Marguerite Cerruty, sa passion pour l’art et la peinture.
La seconde salle est dite route résistante. Car comment oublier les activités clandestines de Jean Moulin ? Ainsi, de nouveaux panneaux décrivent ses activités durant la Résistance. Après avoir été relevé de ses fonctions de préfet par le gouvernement de Vichy, Jean Moulin retourne à Saint-Andiol où il s’installe dans la maison de ses parents. Il déclare à la mairie sa nouvelle profession (agriculteur) et son faux nom (Joseph Mercier), une couverture masquant ses activités de l’ombre.
Ces documents retracent également ses autres pseudonymes de résistant (Rex, Max … sous lesquels se cachait la véritable identité du patron des MUR : Mouvements Unis de la Résistance), ses faux papiers sous les identités de Joseph Jean Mercier ou encore de Jacques Martel, sa traque par les Allemands, son arrestation, les tortures infligées par Klaus Barbie (chef de la Gestapo), son décès le 8 juillet 1943 … jusqu’à l’entrée de ses cendres présumées au Panthéon. Une entrée illustrée par un document d’archive particulier. Il s’agit de la vidéo du discours d’André Malraux dont voici un court extrait : Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège … bafoué, sauvagement frappé, la tête en sang, les organes éclatés, il atteint les limites de la souffrance humaine sans jamais trahir un seul secret …
Entre ces deux salles, le clou du musée : un SAS reconstitue la mission Rex, c’est-à-dire la mission ordonnée par le général de Gaulle que Jean Moulin avait rencontré le 23 octobre 1941. Ce jour-là, l’enfant de Saint-Andiol devient le délégué personnel du général pour unifier et financer la Résistance dans la zone sud de la France. La mission Rex a débuté par un parachutage (dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942) de Jean Moulin, Raymond Fassin et Joseph Monjaret au-dessus des Alpilles. Les trois résistants ont pu rejoindre le maset d’Eygalières (propriété de Jean Moulin), pour parvenir ensuite à intégrer au MUR, les trois principales organisations clandestines : Combat, Libération et Franc-Tireur.
Le groupe des Amis du Viel Istres s’est scindé en deux. Pendant que le premier visitait le musée, l’autre partie a pu voir un film dans une salle cinéma, retraçant la vie de ce résistant hors du commun.
Prochaine sortie : le samedi 18 mai (journée complète) avec la visite du Seaquarium (Grau-du-Roi), suivie l’après-midi de la visite des Salins du Midi à Aigues-Mortes.