Né à Martigues, Nicolas Balique nous a d’abord offert un documentaire vidéo sur l’occupation allemande de sa ville natale avec de nombreux témoignages de Martégaux dont celui de Paul Lombard, maire honoraire de la Venise provençale.
Puis, il est entré dans le vif du sujet avec l’horrible Ernst Dunker, né le 27 janvier 1912 à Halle (Allemagne), Un petit voyou, condamné à plusieurs mois de prison pour vols alors qu’il était encore mineur et qui récidive après sa sortie dans le proxénétisme. Un vice qu’il va conserver pendant la Seconde Guerre mondiale où, après diverses aventures et mésaventures à l’échelle internationale, il devient sergent dans l’armée allemande. Ce qui ne l’empêchera pas d’être dégradé dans une affaire louche. Il est ensuite réintégré et promu au grade de sergent-chef lorsqu’il est muté en 1943 à Marseille dans la police de sureté allemande.
Dans la cité phocéenne, il vit dans une villa située au n° 425 de la rue Paradis. C’est là qu’il dirige le service de la Gestapo locale. Un sergent-chef, capable des pires tortures et de tuer de sang-froid, qui devint rapidement directeur de ce service pour avoir eu la chance de côtoyer Jean Multon, un résistant qui vira casaque en dénonçant et livrant différents réseaux de la Résistance régionale. A Marseille, il fut également aidé et appuyé par le milieu marseillais : Sabiani, Carbone, Spirito …
Ernst Dunker est donc à l’origine de la chaine de répression qui a conduit, via des réseaux allemands parallèles à des centaines d’arrestation de résistants. Citons Jean Moulin, arrêté par Klaus Barbie à Lyon le 21 juin 1943 alors qu’à Martigues, c’est toujours sur dénonciation qu’il a pu démanteler un réseau de résistance qui, après tortures, conduira en juin 1944 au tristement célèbre massacre du Fenouillet, près de Lambesc.
La guerre aborde sa phase finale et, juste avant le débarquement allié à Marseille, Ernst Dunker, sur ordre de l’état-major allemand, réussit à prendre la fuite et regagner l’Allemagne. Après un passage en suisse, il retourne en mars 1945 sous une fausse identité à Paris où il est reconnu et arrêté. Le 2 janvier 1947, le tribunal militaire de Marseille le juge et décide de son sort : Ernst Dunker est condamné à mort. La sentence sera appliquée trois ans plus tard, soit le 6 juin 1950.
Radio France Internationale, grand reporter en Afrique et enseignant à l’école de journalisme
de Yaoudé (Cameroun). Il est aujourd’hui spécialisé en histoire militaire.