Samedi 14 avril 2018, à 7h30 place Sainte-Catherine, 28 Amis du Vieil Istres sont montés dans le car qui les a emmenés dans le département du Gard. La matinée était consacrée à la visite du Préhistorama de Rousson, un musée dédié à la découverte de nos origines et qui accueille 10 000 visiteurs par an.
Le Préhistorama est l’œuvre du scientifique finlandais Eirik Granqvist. Cet expert de renommée internationale l’a d’abord créé en 1986 près de Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche) avant son déménagement à Rousson en 1996. Eirik Granqvist l’a ainsi dénommé, mixant les termes préhistoire et diorama dont on va reparler.
Ce musée se compose de 78 vitrines. Citons d’abord 7 vitrines de moulages de cranes et d’ossements effectués chez nos ancêtres les plus connus (Toumaï, Lucy, Tautavel, Cro-Magnon, Neandertal …). D’autres se rapportent à l’archéologie et à l’ethnographie. Mais 38 d’entres elles sont des dioramas, soient des scènes qui reconstituent grandeur nature (en se basant sur des découvertes scientifiques) la vie des hommes et des animaux dans leur contexte de l’époque.
Le Préhistorama peut aussi se décomposer en 4 parties : les fossiles des ères primaire, secondaire et tertiaire qui représentent le début de la vie sur terre. Puis la préhistoire avec l’apparition et l’évolution d’hominidés tels les genres Australopithecus, Homo … jusqu’à l’actuel Homo sapiens (dit l’homme moderne). La troisième section du musée concerne les animaux et plus particulièrement ceux de l’ère glaciaire et de ses espèces disparues comme le célèbre mammouth. Enfin, une salle indépendante des trois parties précédentes est consacrée à l’exposition de fossiles de France et de pays étrangers.
Après le repas de midi au restaurant L’Atomic à Bagnols-sur-Cèze, les Amis du Vieil Istres ont oublié la préhistoire matinale pour un tout autre domaine : celui du Visiatome à Marcoule. Créé en 2005 par le CEA de Marcoule, ce musée pédagogique est consacré à la radioactivité et au partage des connaissances du monde nucléaire. Il s’étend sur 600 m2 et se compose de 10 salles. 75 % de l’électricité en France est d’origine nucléaire et place notre pays en seconde position mondiale après les Etats-Unis.
Les trois premières salles sont consacrées aux déchets en France. Des déchets de tout ordre : ordures ménagères, boues des stations d’épuration, déchets agricoles … ainsi que leurs traitements. Chaque personne rejette chaque année 500 kg de déchets : 40 % sont incinérés, 40 % sont enfuis et 20 % sont recyclés. Les déchets industriels sont plus importants (10 tonnes / an / personne) alors que les déchets radioactifs sont de l’ordre d’1 kg / an / personne. Et bien sûr les déchets radioactifs sous contrôle qui nous attendaient plus en détails dans les salles suivantes
Ce fut le cas dès la salle 4 qui présente les centres de stockage spéciaux des déchets peu et moyennement radioactifs. Deux centres sont établis dans le département de l’Aube : celui de Morvilliers (ouvert en 2003 pour stocker jusqu’à 650 000 m3 de déchets très faiblement radioactifs) et celui de Soulaines (ouvert en 1992, 1 million de m3, déchets moyennement radioactifs à vie courte). Pour les plus dangereux (déchets hautement radioactifs a vie longue), L’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) a prévu, vers 2025, de les enfouir dans le sous-sol argileux de la commune de Bure dans la Meuse à 500 mètres de profondeur. Ce site remplacera celui des usines (traitant le combustible usé issu des centrales nucléaires) de La Hague dont le stockage est proche de la saturation.
La salle 5 aborde la radioactivité, un phénome naturel découvert par Henri Becquerel au XIXe siècle et approfondi ensuite par Pierre et Marie Curie. Ainsi sont traités les types d’exposition (contamination, irradiation), les rayons alpha, beta, gamma, comment s’en protéger et les éliminer ainsi que l’utilisation de la radioactivité dans les usines nucléaires.
La salle 6 présente le cycle du combustible nucléaire avec évidemment l’uranium depuis l’extraction du minerai, suivi de ses étapes industrielles de transformation et jusqu’à la gestion des déchets. La radioactivité de ces déchets diminue dans le temps. Elle devient nulle au bout de 300 ans pour les peu radioactifs alors qu’il faut attendre 20 000 ans pour les hautement radioactifs. Cette salle présente également les différentes utilisations de la radioactivité : électricité, examens et traitements médicaux, stérilisation d’équipements médicaux, datation de vestiges anciens …
Les salles 7, 8 et 9 sont consacrées aux lois et décisions gouvernementales liés au retraitement du combustible nucléaire usé ainsi qu’au stockage des déchets radioactifs à longue vie. Avec bien sûr le stockage géologique sous terre dans des containers où ces déchets sont piégés puis emprisonnés pour des milliers d’années. L’isolement de ces déchets dangereux est effectué par du bitume et du béton pour les déchets moyennement radioactifs alors que la fusion du verre est réservée aux déchets hautement radioactifs.
La salle 10 se compose d’arches formant un périphérique autour de la salle 6. Elle est dédiée aux principales ressources énergétiques actuelles ainsi qu’à des réflexions sur l’avenir. Car certaines énergies s’épuisent et l’avenir s’annonce lié à l’énergie nucléaire et au développement durable …
La visite s’est clôturée après la projection de trois films sur les rayons X, puis sur l’épopée du radium et enfin sur la surveillance des usines nucléaires et de leur environnement.
Vous pouvez voir cette journée plus en détails en images en cliquant sur le pavé ci-dessous :
La conférence de Nicolas Balique
Né à Martigues, Nicolas Balique nous a d’abord offert un documentaire vidéo sur l’occupation allemande de sa ville natale avec de nombreux témoignages de Martégaux dont celui de Paul Lombard, maire honoraire de la Venise provençale.
Puis, il est entré dans le vif du sujet avec l’horrible Ernst Dunker, né le 27 janvier 1912 à Halle (Allemagne), Un petit voyou, condamné à plusieurs mois de prison pour vols alors qu’il était encore mineur et qui récidive après sa sortie dans le proxénétisme. Un vice qu’il va conserver pendant la Seconde Guerre mondiale où, après diverses aventures et mésaventures à l’échelle internationale, il devient sergent dans l’armée allemande. Ce qui ne l’empêchera pas d’être dégradé dans une affaire louche. Il est ensuite réintégré et promu au grade de sergent-chef lorsqu’il est muté en 1943 à Marseille dans la police de sureté allemande.
Dans la cité phocéenne, il vit dans une villa située au n° 425 de la rue Paradis. C’est là qu’il dirige le service de la Gestapo locale. Un sergent-chef, capable des pires tortures et de tuer de sang-froid, qui devint rapidement directeur de ce service pour avoir eu la chance de côtoyer Jean Multon, un résistant qui vira casaque en dénonçant et livrant différents réseaux de la Résistance régionale. A Marseille, il fut également aidé et appuyé par le milieu marseillais : Sabiani, Carbone, Spirito …
Ernst Dunker est donc à l’origine de la chaine de répression qui a conduit, via des réseaux allemands parallèles à des centaines d’arrestation de résistants. Citons Jean Moulin, arrêté par Klaus Barbie à Lyon le 21 juin 1943 alors qu’à Martigues, c’est toujours sur dénonciation qu’il a pu démanteler un réseau de résistance qui, après tortures, conduira en juin 1944 au tristement célèbre massacre du Fenouillet, près de Lambesc.
La guerre aborde sa phase finale et, juste avant le débarquement allié à Marseille, Ernst Dunker, sur ordre de l’état-major allemand, réussit à prendre la fuite et regagner l’Allemagne. Après un passage en suisse, il retourne en mars 1945 sous une fausse identité à Paris où il est reconnu et arrêté. Le 2 janvier 1947, le tribunal militaire de Marseille le juge et décide de son sort : Ernst Dunker est condamné à mort. La sentence sera appliquée trois ans plus tard, soit le 6 juin 1950.
Radio France Internationale, grand reporter en Afrique et enseignant à l’école de journalisme
de Yaoudé (Cameroun). Il est aujourd’hui spécialisé en histoire militaire.