Le 3 août 1918, la guerre est déclarée et les hommes sont mobilisés. Que va-t-il advenir des cultures et des commerces ? En plus de leur travail quotidien déjà assez chargé, les femmes doivent les remplacer. A la campagne, les femmes labourent et tirent la charrue en l’absence des chevaux eux aussi réquisitionnés. A la ville, elles doivent effectuer le travail de leur mari, à la forge comme à la boucherie. Mais l’absence d’hommes va impliquer aussi l’emploi des femmes dans des métiers auparavant masculins : elles conduisent l’autobus, le tramway, distribuent le courrier ou collent des affiches. La guerre demande des armes. Elles sont alors embauchées dans des manufactures comme celle de Saint-Etienne : 17 000 employés majoritairement féminins (pour 1 000 hommes avant les hostilités) fabriquent l’armement et manipulent un poids total d’obus d’une tonne par jour alors qu’aux abords du front, elles deviennent infirmières. Dès 1915, certaines deviennent des marraines de guerre et conversent par courrier avec des soldats pour remonter le moral des troupes dans les tranchées.
auditeur aux comptes des Amis du Vieil Istres.
Durant les cinquante-deux mois de conflit, les femmes ont soutenu l’économie du pays en l’absence des hommes. Evidemment, le travail indispensable fourni par ces femmes était moins rémunéré. Beaucoup ont fait grève pour obtenir quelques droits mérités. Ce qui a fortifié à juste titre la condition féminine à une époque où la loi déclarait encore que la femme devait être soumise à l’autorité du mari. Mais après l’armistice, les quelques avantages sociaux obtenus ou tolérés ont été aboli. L’émancipation tant espérée n’eut pas lieu alors que ces femmes espéraient par leur travail exceptionnel un minimum de considération et de respect de la part de la société. Les hommes de retour au foyer veulent à tout prix redevenir le chef de famille et que la vie familiale retrouve les conditions hiérarchiques d’avant-guerre.
Une conférence maitrisée, passionnante et très bien documentée que Jeanne Marie Sauvage a terminé en citant quelques lois portant sur l’évolution de la place et du respect de la femme dans la société : suppression de l’incapacité juridique de l’épouse (1938), droit de vote (1944), l’exercice d’une profession sans l’autorisation du mari (1965) et bien d’autres qui suivront comme le salaire hommes-femmes égal, l’IVG …
Notons cependant que le gouvernement avait fait quelques efforts après l’armistice du 11 novembre 1918 : le baccalauréat féminin en 1919 qui, s’il s’ouvrait aux femmes, n’offrait que trois options limitées (couture, ménage et cuisine) alors que six écoles d’ingénieur en France acceptaient l’entrée des femmes.