Jeudi 6 avril, Robert Strozzi nous a présenté une conférence maitrisée sur le milieu marseillais des années 30 jusqu’à la Collaboration. Deux amis vont s’associer : Paul Carbone (né en 1896 à Propriano, Corse) et François Spirito (né en 1900 à Itri, Italie), deux figures majeures et sanglantes de la pègre phocéenne. A l’instar des parrains américains, Al Capone et Lucky Luciano qui leur servent de modèle, ils firent main basse sur la ville avec des actes classiques du banditisme : rackets, contrôle des négociants, réseau de prostitution, traite des blanches organisée à un niveau international, trafic d’armes, machines à sous, corruption policière, matches de boxe truqués sans oublier l’incontournable trafic de drogue après avoir ouvert le premier laboratoire à Bandol, source de la future French Connection. Ils bénéficiaient évidemment de protection politique, notamment du sulfureux Simon Sabiani, premier adjoint du maire qui fut condamné à mort par contumace pour sa collaboration avec l’occupant allemand. Les deux bandits connurent cependant quelques arrestations et emprisonnements. Mais grâce à leurs appuis et à l’intimidation des témoins, les peines furent nulles ou dérisoires. Paul Carbone et François Spirito ont également collaboré … C’est d’ailleurs la Gestapo qui les fera libérer d’une prison à Sisteron et leur attribuera une carte dite
Hommes de Confiance. Une collaboration qui amènera à tremper dans la plus grande rafle de Marseille avec 1600 arrestations dont 870 juifs qui seront déportés à Auschwitz.
Paul Carbone et François Spirito.
Paul Carbone décède le 16 décembre 1943 dans un accident de trains (sabotage de la Résistance). Il aura des obsèques glorieuses à Paris où de nombreuses personnalités de tout bord (dont Mistinguett et Tino Rossi) lui ont rendu un dernier hommage ! Après la guerre, son compère François Spirito tend à se ranger des affaires. Il ouvre un restaurant à Sausset les Pins puis meurt à Toulon le 9 octobre 1967. Telle se termine l’histoire des Borsalino marseillais, prémices de la mauvaise réputation de la capitale phocéenne. Mais c’est pourtant l’histoire de cette ville aux nombreux atouts culturels et patrimoniaux. Des atouts malheureusement trop souvent occultés par la une des médias à la recherche de sensations.
Robert Strozzi (secrétaire adjoint des Amis du Vieil Istres) pendant sa conférence
puis remercié par Michel Issert (secrétaire des AVI).
Prochaine conférence :
Jeudi 4 mai, 18h00 avec Michel Sciara, médecin Istréen : La Sicile, du Haut-Moyen Age ou la seconde Andalousie.