La laïcité : un principe menacé ou liberticide ?

Ce jeudi 7 mars, Jean François Noyes nous a offert à l’auditorium André Noël, une superbe conférence sur l’histoire, l’état et le devenir de la laïcité. Celle-ci fait l’objet, depuis une vingtaine d’années en France, de vifs débats dans lesquels le grand public a du mal à s’y retrouver : êtes-vous pour ou contre le voile, le burkini, les accompagnants scolaires, les crèches dans les mairies ? Au-delà de ces questions ponctuelles qui sont les plus médiatisées, la laïcité fait aussi l’objet de débats de fond sur sa nature et sa capacité d’adaptation à un monde qui a connu de profonds bouleversements. Deux écoles s’affrontent. Certains philosophes, sociologues, juristes prétendent qu’elle est liberticide, tyrannique, frénétique alors que d’autres considèrent qu’elle est gravement menacée et qu’il faut se rassembler pour tenter de la sauver

Le conférencier Jean François Noyes et Claude Herrera, président des AVI.

 

Jean François Noyes a analysé très lucidement la réalité actuelle. D’abord avec des exemples précis de certains pays (Allemagne, Canada, Pays-Bas …) qui ont opté pour le multiculturalisme, un choix politique qui s’est souvent soldé par un échec.

Ensuite en France qui a créé lors de la Révolution la célèbre Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen puis opté pour la laïcité avec la loi de 1905 (séparation de l’Eglise et de l’Etat). En théorie, la laïcité est la protectrice du bien vivre ensemble. L’Etat est neutre et garantit le libre-service des cultes dont le fonctionnement ne peut faire l’objet de textes de lois.

C’est au travers de nouveaux exemples que Jean François Noyes nous a démontré que la réalité s’est éloignée de la théorie. En voici quelques-uns :

  • Il existe une direction des cultes au sein du ministère de l’Intérieur.
  • Les évêques ont un accès direct avec les autorités.
  • L’Etat favorise le financement des cultes en cédant des terrains par bail emphytéotique (15 euros par mois) pour la construction d’édifices religieux. Il subventionne également l’entretien et la restauration de ces édifices construits avec des aides de l’Etat (jusqu’à 70%).
  • L’Etat ou les collectivités locales financent des pratiques ou traditions cultuelles en les masquant par du culturel.
  • L’Etat ferme les yeux sur les dons reçus par des fondations religieuses non déclarées. Des cultes peuvent recevoir des dons par des mécènes qui sont défiscalisés jusqu’à 66%.
  • La loi interdisant le port du voile dans les écoles.
  • La France organise et paie la formation d’imams.
  • Procès d’assise reporté pour cause de Ramadan.
  • Pratique du culte pendant les horaires de travail
  • Etc …

Ces quelques exemples nous montrent une République assez accommodante envers les cultes. La loi de 1905 se vide de plus en plus de sa substance et les règles de la société française sont remises en cause. Ainsi, la France laïque est obligée aujourd’hui de prendre en compte la réalité religieuse. Ce qui se traduit par des rivalités politiques droite-gauche où les arguments de prise de position sont essentiellement guidés par des raisons électorales. Tels ont été les propos (résumés) de Jean François Noyes.

En fin de conférence, Jean François Noyes a été remercié par Claude Teissier, secrétaire des AVI.

 

PROCHAINE CONFÉRENCE : Jeudi 4 avril 2019, 18h00 à l’Espace 233 (CEC) : Le roman du château d’IF, légendes et réalités par Robert Strozzi, membre du bureau des AVI.