Rappelez-vous … Jeudi 9 mai 2019, Jean Philippe Lagrue, archéologue, historien et conférencier, était venu nous conter Le pays de l’étang de Berre au Moyen Age (Xe-XVe siècle) : châteaux, villages et territoires.
Il est revenu passionner le public de l’auditorium André Noël ce jeudi 28 novembre pour nous relater la suite sur le thème : Le pays de l’étang de Berre, de la Renaissance au Grand Siècle (XVIe-XVIIe siècles) : approches historiques et artistiques.
Au début de la Renaissance, Charles III du Maine cède la Provence à Louis XI. Voici les grandes lignes que Jean Philippe Lagrue a retracées sur notre chère région devenue française :
Marseille : Charles VIII, roi de France et fils de Louis XI, ordonne en 1488 la construction de galères à Marseille et y installe des garnisons. Le port phocéen sert de base de départ pour les guerres d’Italie.
Le Parlement de Provence : il est créé à Aix en 1501 par Louis XII, soit une juridiction suprême avec cour d’appel. La province est gérée par un gouverneur (organe direct de la parole du roi) alors que les affaires militaires sont attribuées à un lieutenant général. Puis François Ier imposera en 1549 la rédaction des textes législatifs en français (édit de Villers Cotteret).
Martigues : notre voisine, érigée en vicomté en 1472, devient principauté en 1580. Mais le vicomte de Martigues résidait au château de Lançon.
Fort de Bouc : port commercial à l’entrée du canal de Caronte mais aussi une fortification militaire. Mandaté par Charles Quint, l’amiral génois Andrea Doria n’a pu s’en emparer en 1536. Le fort sera amélioré entre 1601 et 1609 par Raymond de Bonnefons, ingénieur militaire du roi Henri IV puis par son fils Jean.
Les Guerres de Religion : la Provence n’a ressenti que quelques troubles, très éloignés du massacre de la Saint-Barthélemy. Cependant, entre 1560 et 1590, Salon fut à tour de rôle la propriété des protestants et des catholiques. Berre fut assiégé par les protestants tout comme Grans qui connut un pillage et la pendaison de quelques habitants.
Les fortifications : durant cette période du XVIe et XVIIe siècles, certains villages ont se sont fortifiés par la construction de remparts (ou la modification-consolidation des existants) : c’est le cas pour Alleins, Orgon, Saint-Chamas, Lançon, Miramas.
La peste : elle a sévi en Provence en 1518 où 30% des Provençaux ont péri. Le fléau a récidivé en 1528-1532, 1542, 1580-1582 ainsi qu’en 1629-31 où la population de Salon est passée de 3097 à 1100 habitants.
D’autres thèmes sur les rives de l’étang de Berre aux XVIe et XVIIe siècles se sont ensuite enchaînes, citons en vrac :
L’économie : Marseille, métropole économique depuis le Moyen Age, l’est restée et s’est renforcée par la création de nombreuses industries.
Les châteaux : Jean Philippe Lagrue a évoqué quelques édifices comme le château de Confoux remanié et vendu par l’archevêché d’Arles et le château de Cabasse (Miramas) dont la première mention remontre en 1606.
L’irrigation : avec la désormais célèbre construction de canaux dérivés de la Durance par l’ingénieur Adam de Craponne, ouvrant ainsi la voie à diverses cultures dans la plaine de la Crau et sa région immédiate.
Les bourdigues : notamment celles du canal de Caronte à Martigues prélevant dorades, anguilles et bien sûr des muges, base de la poutargue. A cette époque, l’Eglise imposait la consommation de poissons 150 jours par an.
Le mobilier et les céramiques
principalement importées d’Italie à l’attention des nobles et des bourgeois visant l‘amélioration de leur confort.La population : la Provence comptait 350 000 à 400 000 habitants. 200 maisons étaient recensées à Istres au XVIe siècle.
La poudrerie royale de Saint-Chamas construite en 1690 dont l’histoire a été souvent relaté lors des Rencontres historiques.
Les hôtels de ville dont il reste aujourd’hui quelques vestiges : Marseille, Aix, Martigues, Saint-Chamas … et Istres et sa Maison commune qui prenait place dans l’actuelle rue Alfred Courbon.
D’autres bâtiments tels l’hôtel de Foresta à Lançon (résidence du vicomte de Martigues), la maison de Nostradamus et la porte de l’horloge à Salon ainsi que Notre-Dame de la Tour à Entressen construite en 1505. Et aussi d’autres édifices religieux, souvent perchés : Notre-Dame de Vie (Roucas, Vitrolles), Notre-Dame des Marins (Martigues), Notre-Dame de la Madeleine (Saint-Chamas) sans oublier les confréries de Pénitents et les grandes églises, principalement celles de Martigues. Des églises décorées avec des tableaux et des retables (Saint-Chamas, Marignane, Martigues), notamment ceux du peintre Etienne Peson.
Marcel Roos, membre du CA des AVI.