Jeudi 12 décembre 2019 à l’auditorium André Noël, un large public est venu assister à la dernière conférence de l’année 2019 organisée par les Amis du Vieil Istres : Champollion et le secret des hiéroglyphes, par Gisèle Sénès, directrice de la médiathèque de Saint-Mitre-les-Remparts.
Après un rapide rappel géographique et historique sur l’histoire de l’Egypte ancienne et sur les 33 dynasties de Pharaons, la conférencière est entrée dans le vif du sujet : les mystérieuses hiéroglyphes (écriture des dieux en grec), langage le plus ancien après le sumérien. Car les Egyptiens avaient pour référence deux divinités : Thot, scribe des dieux, inventeur de l’écriture et Seshat, déesse de l’écriture, des bibliothèques et des archives.
Beaucoup de savants se sont attelés au déchiffrement des hiéroglyphes par des traductions erronées ou des interprétations fantaisistes tel l’Allemand Athanase Kircher (1602-1680) ou encore l’Anglais Thomas Young (1773-1829). Mais c’est le Français Jean-François Champollion (1790-1832) qui eut l’honneur d’en percer le mystère.
Champollion a su regrouper des analogies entre divers hiéroglyphes et ceux écrits sur la pierre de Rosette, une stèle découverte en 1799 lors de l’expédition de Napoléon et comportant trois écritures de l’Egypte ancienne : hiéroglyphique, démotique et celle utilisant l’alphabet grec. Ainsi l’histoire des Pharaons a pu être connue telle quelle l’a été écrite par les scribes de ces célèbres rois … jusqu’aux recettes de cuisine !
Champollion et ses successeurs se sont cependant heurtés à de nombreuses difficultés de déchiffrage telles les fautes d’orthographe, l’absence de ponctuation et de voyelles, une mauvaise transcription des textes écrits sur papyrus par les sculpteurs ou encore la priorité laissée à l’esthétique des cartouches avec des symboles placés dans un ordre inversé de lecture. Les Egyptiens connaissaient les nombres (mais pas le zéro inventé par les Arabes), retranscrits bien sûr par des symboles hiéroglyphiques, fractions comprises (1/2, 1/4…).
Gisèle Senes nous a présenté également deux autres systèmes d’écriture : l’écriture hiératique (dérivée et simplifiée des hiéroglyphes, utilisée entre 1900 et 1200 avant notre ère) et l’écriture démotique (simplifiée de la précédente et utilisée entre 400 et 100 avant notre ère. Mais ces deux nouvelles écritures ont toujours cohabité avec les hiéroglyphes jusqu’à la fin de la dernière dynastie des Pharaons.
Gisèle Senes a illustré sa conférences par de nombreuses illustrations qui ont permis au public de mieux saisir la complexité des symboles hiéroglyphiques. A titre d’exemple, voici le nom d’un des célèbres Pharaons nommés Ramsès : le cartouche débute avec un soleil (Ré, Ra en langage copte, l’enfant Horus étant le premier Pharaon et le fils d’Horus, dieu du ciel). Il se termine avec une double « épingle » correspondant un double S. Mais le second est inutile, soit un autre exemple lié à la complexité du déchiffrement des hiéroglyphes.
Michel Issert, secrétaire des AVI.