Articles publiés par les Amis du Vieil Istres sur l’Abri Cornille : voir les bulletins n° 1-2-3 et 4.
Lors d’un sondage en novembre 1947, Eugène Aquaron (1903-1994) et Louis Trouche (1906-1951) trouvèrent les premiers silex, base d’une découverte prometteuse qui allait vite s’avérer d’une importance archéologique capitale. Ces deux amateurs avertis firent appel à deux professionnels : Sylvain Gagnière (1905-1997, maître de recherches au CNRS, directeur des antiquités préhistoriques de Provence de 1946 à 1971) et son ami Henri Rolland (1897-1970). Celui-ci fouilla les sites de Glanum et de Saint-Blaise (où il repose selon son vœu), avant de diriger les Antiquités Historiques de Provence entre 1956 et 1964. Ces deux experts, également présidents d’honneur des Amis du Vieil Istres avec Charles Rostaing, confirmèrent la valeur du gisement. Les AVI furent alors rapidement autorisés par décision ministérielle à poursuivre officiellement les fouilles de cet abri sous roche qui porte depuis le nom de son propriétaire : Lucien Cornille. Les premières recherches furent menées par des bénévoles des AVI entre 1948 et 1949 sous la direction du docteur René Beaucaire. La publication de leurs travaux a rapidement été reconnue par les milieux scientifiques français et étrangers. Mais face à l’intérêt croissant des découvertes, Max Escalon de Fonton (1920-2013), directeur de recherches au CNRS, débuta en 1966 des fouilles dites méthodiques. Près d’un siècle après les Lettres de mon Moulin, Maître Cornille dévoila son secret : le site fut occupé durant 4000 ans, soit une filiation ininterrompue avec les industries lithiques du magdalénien, valorguien, montadien et castelnovien. Et même 10 000 années si on associe les habitats néolithiques éparpillés de Sulauze au Miouvin et la découverte d’un four gallo-romain à Sivier, proche de quelques centaines de mètres à vol d’oiseau.
contemple de ses 12 000 ans l’histoire istréenne.
Vue inverse, du sud vers le nord.
Plus de 80 tonnes de terre furent soulevées et 150 kg de silex et d’ossements récupérés lors des premières campagnes de fouilles. Celles-ci allaient mettre à jour sépultures, faune et industrie lithique abondante ainsi qu’une multitude d’informations sur les mœurs quotidiennes des habitants. Max Escalon de Fonton le cita comme le seul habitat magdalénien connu dans le sud-est de la France, le plus proche de la côte méditerranéenne mais aussi le plus important et le plus ancien de toute la Basse Provence. En ce milieu du XXème siècle, tous les sites actuels n’étaient pas encore connus. L’abri Cornille apporta une petite révolution dans le monde archéologique alors qu’on pensait encore que la période du paléolithique était absente de la Basse Provence. Le hiatus fut également comblé sur d’autres points. La stratigraphie permit d’étudier les climats anciens et de mieux saisir le passage du grand froid post-glacière à l’holocène. Pour son intérêt scientifique et l’importance de son gisement, il fut logiquement classé monument historique le 11 juin 1949. Il sert encore de référence chez les professionnels attachés aux études comparatives de la faune, de la flore et des climats anciens, méconnus au temps de sa découverte. Aujourd’hui, l’abri Cornille demeure le site le plus ancien autour de l’étang de Berre.
Couche 12 (la plus profonde) : habitat magdalénien.
Cet habitat est représenté par une abondance de lames retouchées, de lamelles à dos, de grattoirs diversifiés et de pointes aziliennes (comprenant la pointe d’Istres). Ce magdalénien final a néanmoins été déclaré provençal car il se différencie du classique par la rareté des perçoirs et des burins, la seule présence d’harpons en silex à une seule barbelure, celle de deux modestes pointes à cran ainsi que l’absence d’outillage osseux. Mais l’ère de rien, les 126 pièces de cette couche 12 nous ont offert une industrie lithique qui a permis de classer l’abri Cornille monument historique.
Couches 11, 10 et 9 : habitat valorguien.
Sur la couche 11, l’industrie lithique valorguienne présente des pièces qui commencent à se réduire. Les grattoirs deviennent plus courts. Mais cette couche a été assez pauvre et les pièces prélevées représentent une industrie de transition entre les couches qui l’encadrent. Sur les deux couches suivantes (10 et 9), l’industrie valorguienne est à son apogée. Les lamelles à dos forment l’un des principaux groupes d’outils avec 600 pièces recueillies. Les grattoirs sur lame aurignacienne typiques du magdalénien ont disparu. Ceux sur éclat augmentent et le grattoir le plus fabriqué devient le grattoir unguiforme qui domine avec près de 500 pièces à lui tout seul sur ces deux couches. Le nombre de racloirs diminue et l’industrie lithique poursuit sa miniaturisation : c’est l’apparition des microgravettes (45 pièces en tout) ainsi que d’autres armatures principalement représentées par les pointes aziliennes (160 pièces environ). Parmi ces pointes de flèches, retenons en une, si singulière, que Max Escalon de Fonton la nomma pointe d’Istres. Plus large et plus trapue que les autres, sa silhouette ressemble à une feuille pointue, à symétrie axiale poussée, avec un dos épais et des retouches particulières sur les bords. Cette pointe fusiforme a été fortement employée durant la période climatique de l’Alleröd pour chasser le lapin sauvage. C’est donc pendant le valorguien que l’arc fut utilisé chez nous au profit de la sagaie délaissée pour la chasse de certains gibiers.
Couches 6, 4 et 2 : habitat montadien.
Comme la précédente, la culture montadienne est très bien représentée à l’abri Cornille avec une présence chronologique sur les couches 6, 4 et 2. L’archéologue marseillais l’a carrément décrite comme une mutation technologique. En effet, la proportion de lamelles à dos chute brusquement. Celle des pièces à encoches et denticulées augmente. Le pourcentage de burins dépasse pour la première fois celle des grattoirs en forte régression et les microperçoirs pointent leur nez. Mais le montadien est avant tout caractérisé par la création de pointes miniatures : la flèche pour la chasse et le harpon pour la pêche sont alors équipés de microlithes à figures géométriques. La célèbre pointe d’Istres a vécu ! Ces armatures minuscules sont alors taillées majoritairement en triangle et en demi-lune au montadien ancien puis en trapèze au montadien moyen. C’est, là aussi, une adaptation à de nouvelles conditions de vie, la chasse notamment où elles sont plutôt réservées au petit gibier (lapin, renard, sanglier …). Cependant, l’étude de la faune de Cornille a démontré que les montadiens istréens chassaient toujours de grands animaux comme le cerf, l’aurochs et le cheval.
Couche 1 : habitat castelnovien.
Le castelnovien istréen occupe la couche haute (nommée 1D) de Cornille. Il représente une évolution locale de l’outillage lithique du montadien final. Les armatures microlithes triangulaires et trapézoïdales prennent un véritable essor avec les grattoirs sur éclat.
En haut : 1, 2 et 3 : grattoirs sur bout de lame. 4 : lame tronquée oblique. 5 : denticulés. 6 : burin dièdre d’angle sur lame cassée. 7 : lame bitronquée. 8 : lame tronquée concave. 9 : encoche sur lame. 10 : fragment de sagaie cylindrique (outillage osseux). 11 et 12 : micro-burins. 13 à 15 : microlithes géométriques (13: petites pointes ; 14 et 15 : en segment de cercle).
En bas : 1 à 4 : lames retouchées (n°2 : lame aurignacienne typique du magdalénien). 5 et 6 : pointes aziliennes à dos courbé. 7 : racloir double. 8 : racloir simple. 9 : grattoir sur éclat. 10 : grattoir-burin sur lame retouchée. 11 : grattoir sur lame aurignacienne (typique du magdalénien). 12 : grattoir double sur lame large aurignacienne (toujours typique du magdalénien). 13 : grattoir unguiforme.
Couche 9B (337 pièces au total). 1, 2 : grattoirs sur lame courte. 3 : grattoir circulaire. 4 à 6 : grattoirs unguiformes. 7 : burin dièdre d’angle. 8 et 9 : micro-gravettes.
Couche 10A (612 pièces au total). 10 : sagaie semi-cylindrique avec présence de sillon (outillage osseux). 11 et 12 : grattoirs simples en bout de lame. 13 : grattoir double. 14 : lamelles à dos. 15 : micro-gravettes. 16 : burins.
Couche 10C. (181 pièces au total) 17 et 18 : grattoirs simples en bout de lame. 19 : micro-gravettes. 20 : grattoir double. 21 et 22 : grattoirs unguiformes. 23 : burin dièdre.
Couche 10D (661 pièces au total). 24 : micro-gravettes. 25 et 26 : burins sur troncature. 27 : lamelles à dos tronquées. 28 et 32 : grattoirs simples en bout de lame. 29 : grattoirs unguiformes en bout de lame courte. 30 : grattoirs unguiformes sur éclat de petite taille. 31 : grattoir double.
N° 7 et 37 : abri Cappeau (sud de Rassuen)
N° 11 et 12 : abri Arnoux (Saint-Chamas).
N° 1 et 30 : abri de la Marcouline (Cassis).
N° 6, 8, 9, 13, 22 et 33 : baume de Valorgues (Gard).
Dessins de Max Escalon de Fonton.
La faune semble faire de l’homme préhistorique un pur carnivore. Certes, il concevait son outillage pour chasser et risquait sa vie pour la gagner mais elle ne représente qu’un pâle reflet de son repas. Les archéologues ne peuvent retirer de leurs fouilles que ce qui est fossilisable. Aussi, les habitants de Cornille complétaient leur alimentation par des produits sauvages : fruits, baies, miel, insectes et divers végétaux. Rien ne se gaspillait. Les espèces étaient également chassées pour leur fourrure et leur peau qui habillait ensuite le corps, recouvrait la cabane et servait de pare-vent à l’entrée de l’abri. Les tendons et les lanières de cuir servaient à coudre et à attacher. Quant aux ossements, ils étaient taillés comme la pierre, parfois aiguisés comme des pointes de silex ou encore creusés pour confectionner des godets.
La faune principale de l’abri Cornille est logiquement dominée par les mammifères avec tout d’abord les équidés. En présence croissante du valorguien au montadien final, le cheval (equus caballus) est présent sur les couches 11 à 4. Il n’avait pas encore l’aspect du pur-sang arabe. Sa petite taille (genre poney) le rapprocherait de l’equus caballus gallicus. L’idée d’une race locale et/ou de l’ancêtre du cheval Camargue a été avancée mais plus sûre est l’origine américaine de ses ancêtres venus en Europe par le détroit de Béring. L’étude des restes dentaires et osseux réalisée par Marie Françoise Bonifay a démontré que les habitants de Cornille chassaient plutôt des adultes de 6 à 7 ans en moyenne mais l’âge a parfois été évalué jusqu’à 17 ans.
Un autre gibier de prédilection des valorguiens : l’hydrontin (equus hydruntinus). Ce second équidé, plus petit que le précédent et comparable à un âne sauvage, fait une apparition brutale et abondante à la couche 10 puis diminue et s’absente définitivement dès la couche 3. Il a été identifié pour la première fois en Italie méridionale en 1906. Son nom dérive d’Hydronte, Hydruntum, ancienne appellation d’Otrante, ville maritime de Calabre proche de la grotte Romanelli. L’hydrontin aurait vécu 30 0000 ans pour résister dans certaines régions jusqu’au néolithique. Ce qui peut paraître assez faible comparé à la longévité du cerf.
Image ci-dessus : premières phalanges d’équidés de l’abri Cornille. A gauche : cheval, à droite : hydrontin.
Image de droite : éléments osseux d’une patte d’hydrontin.
Image Musée de la Roque d’Anthéron et dessins de Marie-Françoise Bonifay.
Les 50 0000 ans d’ancienneté du cerf élaphe (cervus elaphus) relègueraient au second rang la prestation de l’hydrontin si le cervidé n’avait eu diverses sous-espèces éparpillées géographiquement comme son aïeul le cerf acoronate. Cette espèce inféodée aux milieux boisés aérés et tempérés est fréquente dans tous les sites provençaux depuis le pléistocène supérieur. A Istres, il est présent dans toutes les couches et abonde dans la 10 et la 11. Le cerf élaphe a su migrer ou s’adapter aux successives périodes de froids des Dryas pour les plus récentes. Il a su également survivre aux chasseurs du paléolithique et du néolithique mais pas à la chasse intensive subie jusqu’au XIXème siècle en Europe occidentale.
Présent sur un site mésolithique de Sénas, le chevreuil (capreolus capreolus) a pu côtoyer le cerf à Cornille mais des éléments en mauvais état sur la couche 4 n’ont pu être identifiés avec certitude par Marie-Françoise Bonifay.
Arrivée par les plaines nordiques vers 18 000 BC, l’antilope saïga (saïga tatarica) était le gibier préféré des magdaléniens. Cette ressource alimentaire représente l’une des vitrines de l’abri Cornille. Le gisement istréen fut le premier dans le sud-est de la France à livrer des restes de saïga (antilope en russe). Elle représente 78% de la faune dans la couche 12 (magdalénien) et seulement 2,5% dans la couche 10 (valorguien), ce qui dénote sa disparition progressive liée au réchauffement et à l’humidité naissante de l’Alleröd. La saïga est la seule antilope à s’être jadis aventurer en Europe occidentale à une époque qui correspondait aux climats froids et secs qu’elle affectionne.
L’aurochs (ou grand bœuf, bos primigenius) provenait de l’Inde entre 75 0000 et 25 0000 ans selon les auteurs. Fréquent en Provence à partir du valorguien, l’ancêtre de nos bovins actuels partage probablement avec le bison la couche 12 (11% de bovidés). Puis, il représente environ la moitié de la faune sur les couches suivantes. Ce bœuf primitif pouvait être agressif comme le taureau lâché dans l’arène. En tous cas, il était presque deux fois plus imposant que la race camarguaise actuelle.
Le bison des steppes (bison priscus) serait apparu il y a 90 0000 ans en Asie du Sud avant de s’aventurer en Europe. Cette espèce froide pâturait à Istres, sans doute en Crau où elle se partageait avec l’antilope saïga l’herbage craven en pleine expansion depuis le retrait de la Durance. Il a été difficile pour Marie-Françoise Bonifay de distinguer ce bison aux grandes cornes de l’aurochs parmi les restes de bovidés sur les couches 6 à 12. Elle attribut de manière quasi-certaine des ossements de bison à la couche 6. D’autres auteurs considèrent les 11% de bovidés de la couche 12 appartenir entièrement au bison. Ces deux cas correspondent à des périodes froides : le Dryas III pour la couche 6 et la fin du Dryas II pour la 12. Ce qui le rendrait absent sur les autres couches où le climat s’est réchauffé et où l’on peut alors attribuer la totalité des restes de bovidés à l’aurochs.
La faune prélevée apparaît sous forme de déchets de nourriture, de dentition et d’ossements partiels. Elle n’est pas toujours représentative de l’ensemble des espèces présentes à l’époque de l’abri Cornille. Les archéologues auraient pu très bien déterrer des vestiges fossilisés d’espèces qui l’ont été dans des sites voisins comme le castor (castor fiber), le chat sauvage (felis sylvestris) et le hérisson (erinaceus europaeus). Le loup (canis lupus) rodait à l’époque de l’abri Cornille et même en 1845 où deux furent abattus, l’un de grande taille au quartier Saint-Etienne et un louveteau au Moutonnier. Dans notre région, le dernier loup fut tué en 1907 près de Château Gombert (Marseille). Mais suite à des réintroductions alpines, il s’est officiellement réinstallé depuis 2012, dans cinq départements du sud-est de la France dont le Vaucluse. Le bouquetin (capra ibex) se plaisait dans les environnements escarpés de la Basse Provence non montagneuse dès la fin du pléistocène moyen. Il a été observé à différents endroits de la région comme à Unang (magdalénien, Mallemort), Mourre-Poussiou (montadien, Fos sur Mer), La Montagne (montadien, Sénas). Ce caprin qui figure parmi les peintures de Lascaux a failli disparaître au XIXème siècle jusqu’à ce qu’il soit protégé de la chasse dans les régions savoyardes italiennes. 3 000 individus sont actuellement recensés dans les Alpes françaises. Ses restes ont néanmoins brillé par leur absence à l’abri istréen comme ceux du chamois (rupicapra rupicapra), pourtant présent dans des sites assez proches comme Sénas ou la Baume Voutade à la Sainte-Victoire.
Les gastéropodes étaient fréquemment consommés au mésolithique, complément alimentaire avec les coquillages. Des coquilles d’escargots des bois (helix nemoralis) ont été retrouvées dans les couches 9 (valorguien) et 6 (montadien ancien). Mais à l’épisode pré-boréal (plus sec), les couches 4 à 6 recelaient d’espèces de garrigues (xeromagna cespitum). Une tortue aquatique du genre cistude, probablement l’actuelle emys orbicularis, a été relevée sur la couche 2 du montadien final.
A propos de l’avifaune, seul un rapace de grande taille et quelques restes indéterminables ont pu être notés à l’abri Cornille mais cette carence n’est pas là aussi synonyme d’une avifaune pauvre. Le lapin est plus facilement chassable à l’arc que l’oiseau !
du lynx des cavernes (lynx spelaea).
chassés à l’abri Cornille.
Malgré son classement en monument historique, le vallon de Sulauze fut menacé par un projet d’autoroute lié à l’expansion de la zone industrielle de Fos. La quatre voies a été fort heureusement remplacée par la Route de la Transhumance (RN 1569) reliant Fos à Miramas par la Crau. Mais le tracé initial passait par le centre hippique du Deven, le CEC, l’Aupière, le vallon de Sulauze et donc au pied du gisement. Max Escalon de Fonton dut reprendre dans l’urgence les fouilles entre 1968 et 1972 et récupérer ce qui pouvait être détruit, tout en éliminant les blocs d’effondrements qui barraient les recherches. Les fouilles s’orientèrent jusqu’à 70 mètres au nord du point zéro de Cornille I. Le gisement s’étend en fait sur plusieurs centaines de mètres avec des coupures là où les surplombs ne sont pas assez hauts pour abriter où lorsque la présence de blocs effondrés gênait l’habitat. Le résultat des couches a montré une occupation géographique sur divers secteurs du site et à des périodes différentes. Cependant, Cornille II n’a pu que confirmer les découvertes de Cornille I sans offrir une civilisation plus ancienne. Au début, les couches furent repérées par lettres pour ne pas créer de confusion avec la numérotation chiffrée de Cornille I … puis par chiffres selon les secteurs de fouilles de Cornille II. Ainsi les couches B et C offrirent une industrie lithique du montadien (avec beaucoup d’armatures microlithes) et l’outillage, assez gros et lourd de la couche D2, fut attribué au magdalénien.
La pratique de l’inhumation démontre au cours de la préhistoire, le début des préoccupations culturelles et spirituelles. L’homme de Néandertal fut l’un des pionniers de l’enterrement avec offrandes. Ce n’était que les balbutiements du culte, du Dieu, du respect et un hommage rituel au défunt qui se poursuit toujours … La couche 6 (ou B, montadien) de Cornille II a livré trois tombeaux. Dans la tombe 1, fut recueilli le squelette d’une femme d’une quarantaine d’années. Les ossements étaient en mauvais état, écrasés par la chute d’un rocher, au sud du gisement. Un individu assez âgé et de sexe indéterminé occupait la tombe 3. Celle-ci fut également bouleversée mais cette fois par la mise en place de la tombe 2, enfin complète et située au nord du site. Datée du montadien ancien, cette seconde tombe livra le squelette d’un homme de 35 ans environ, la tête orientée au sud et le corps replié en position fœtale. Après l’inhumation, la tombe fut bordée de pierres plates. Datée au Carbone 14 de 6 500 ans avant JC, elle n’est autre que la première sépulture épipaléolithique découverte dans le midi de la France. Le squelette très friable imposa un moulage complet de la sépulture et de ses structures pour l’étude. Le moulage est conservé au Musée d’Histoire Naturelle du Palais Longchamp à Marseille.
Dessin de Max Escalon de Fonton
Après le castelnovien istréen, l’abri Cornille sera délaissé. A cette époque, les hommes sont toujours des chasseurs-cueilleurs … vivant de pêche, de chasse et de cueillette. Le climat plus favorable les incite à séjourner plus longtemps dans un même habitat ou à y revenir en tant que saisonnier. Divers sites régionaux laissent apparaître à cette époque les prémices de la domestication du mouton et de la civilisation pastorale. Ce fût le cas à Châteauneuf-les-Martigues et peut-être à l’abri Cornille où la couche 2 (montadien final, limitrophe au castelnovien) a pu être remaniée. Elle présente en effet trois mandibules d’ovinés (chèvre ou mouton) issus d’élevage ou de trocs, en tous cas attribuables au néolithique … C’est la naissance d’une autre préhistoire qui verra l’apparition de la céramique et du polissage de la pierre. A Istres, elle sera principalement vécue à Sivier et au Miouvin …
Espèces présentées : le bison, le cerf élaphe, le cheval sauvage et l’hydrontin.
Jeannot lapin en pleine course essaye d’échapper aux griffes du lynx des cavernes.
A droite du bison se dresse le pin sylvestre.